facebook
Luxtoday

« L'homme n'est pas une étiquette » : le réalisateur parle des métamorphoses, d'Ajar et du rire à travers l'identité

Dernière mise à jour
24.10.25
Arnaud Aldigé
Arnaud Aldigé

Dans une interview, le metteur en scène de la pièce « Il n'y a pas d'Ajar » raconte comment le texte du rabbin et de l'écrivaine Delphine Horvilleur s'est transformé en une provocation scénique contre les identités imposées. Inspiré de la double vie de Romain Gary, le spectacle explore les frontières de la foi, du genre et de l'absurde avec humour, à travers le jeu et la provocation.

Theatre in Luxembourg

Hulki Okan Tabak, Unsplash

Que signifie pour vous «l’identité» dans la société contemporaine, et comment ce thème est-il abordé dans votre pièce?

La première chose qui me vient à l’esprit, aujourd’hui, lorsque l’on parle d'identité, c'est celle des papiers. La carte d’identité, qui permet son contrôle…Celle qui va déterminer trois choses cristallisantes aux yeux de l'État dans notre société contemporaine, votre nationalité, votre genre et votre âge. En faisant des recherches sur la pièce, j’ai réalisé qu’il suffisait d’y rajouter une religion, comme c’est le cas dans certains pays, pour comprendre comment cette dernière peut devenir stigmatisante et source de discrimination. En France nous avons pu connaître toutes ces dérives. Je parle de dérive car il est très difficile de faire changer une information sur ses papiers d’identité. Allez prouver que vous avez changé de religion, que vous n’en avez pas, que vous êtes désormais un homme, ou devenue femme…Ce parcours sera forcément celui du combattant.

L’identité est le thème central de la pièce. Elle est abordée sous tous ses aspects, identité de genre, de religion, d’âge, de couleur de peau, culturelle, morale, familiale…avec en point d’orgue le principe que toutes nos identités sont en chemin au cours de notre vie, mouvantes et jamais fixées, sinon c’est là que se cache un grand danger: se retrouver enfermé, pris au piège d’une identité, et souvent celle qu’on vous attribue, avant même celle que vous pensez de vous-mêmes .

Pourquoi avoir choisi le format monologue plutôt qu’une mise en scène avec plusieurs personnages ? Comment la forme renforce-t-elle le message social ?

Il faudrait poser avant tout la question à l’autrice Delphine Horvilleur. Mais pour nous, avec Johanna Nizard, à la mise en scène, le monologue est apparu comme cette possibilité offerte sur la question de l’identité de faire s’en incarner plusieurs à travers un seul être, à l’image de la vie. Le monologue est la citadelle de la solitude partagée, une contrée théâtrale qui ne livre ses secrets que lors de la rencontre avec le public. Le public comme seul partenaire, qui vous tend la main ou pas, qui vous répond ou non, qui vous porte ou vous enfonce, qui vous aime ou vous déteste…

La pièce traite du racisme, de la transidentité et de l’appropriation culturelle. Quelles idées ou perceptions sont souvent mal comprises par le public selon vous?

Je me permets de développer un peu mes réponses car votre question aborde des points essentiels de notre spectacle et de nos sociétés contemporaines en pleine mutation.

Le racisme est simple, c’est juger inférieur quelqu’un à sa couleur de peau, si dans votre entourage vous avez ce fameux oncle raciste, qui par exemple déteste les personnes à la peau noire, dès que vous que vous êtes avec lui vous craignez les débordements à la première « mauvaise » rencontre. 

L’antisémitisme, sujet central de notre pièce, et combattu depuis toujours par Delphine Horvilleur, à travers notamment son ouvrage « Reflexions sur l’antisémitisme"est beaucoup plus complexe et vicieux: la religion juive ne s’arrête pas à la couleur d’une peau, c’est une haine paranoïaque, sans le savoir je peux avoir à faire avec un juif, stigmatisé par son nom, son nez, son argent, son « influence », et donc lorsque je me promène avec mon fameux oncle antisémite, tous, sont susceptibles de trouver écho à sa haine. Cela est souvent mal compris aujourd’hui. L’antisémitisme est mal compris, mesuré et évalué, à tel point qu’un parti fondé par d’anciens nazis se retrouve en première ligne de la défense de l’antisémitisme aujourd’hui…C’est pour dire. La haine du juif libère toutes les haines que l’être humain porte en soi avec une croyance à se sentir supérieurement intelligent puisque l’on ne hait pas une différence de couleur de peau mais tout un ensemble fantasmé de manière d’être, d’agir et de penser, sous couvert d’une religion.

La transidentité est un long chemin personnel et thérapeutique. Très souvent les gens confondent identité de genre et identité sexuelle, cela n’a rien à voir. La transidentité est un rapport à son corps, à son genre. C’est sentir de l’intérieur que l’on a pas le corps que l’on ressent comme le sien au plus profond de soi, et vouloir en changer. Depuis la loi du 18 novembre 2016 en France, il est devenu plus aisé de pouvoir accorder ses papiers d’identité à sa nouvelle identité de genre. Tant mieux, mais cela est très récent, et dans l’opinion publique les personnes transgenres souffrent encore beaucoup de discriminations, et souvent de leur entourage proche qui ne se fait pas à leur leur évolution, et leur rappelle systématiquement leur identité passée. Je dis souvent que je vois la France comme le pays des étiquettes, et une fois qu’on vous en a collé une, il est très difficile de vous l’arracher, dans tous les domaines, intimes, professionnels, sociaux, politiques…Acceptons d’être tous en chemin, en plein dans notre mutation, comme le dit Delphine Horvilleur, et le monde sera plus tolérant. 

La question de l’appropriation culturelle est beaucoup plus récente, et aujourd’hui est devenue très sensible, surtout chez la jeunesse.

Pour moi, dans la littérature en particulier, et dans l'art en général, c'est un débat très pernicieux. Peu m’importe de connaître l’identité de l’auteur pour en juger et en ressentir l'œuvre. C’est comme au restaurant, je goûte, je suis adulte, j’ai formé mon palais, j’apprécie ou non, mais ce n’est pas parce que le chef est japonais, que les sushis sont forcément meilleurs. De le savoir « déforme » mon palais. Je trouve effrayant et extrêmement appauvrissant les procès d’intentions qui sont faits aujourd’hui de plus en plus au nom de l’appropriation culturelle. Gustave Flaubert, aurait-il écrit Madame Bovary, Romain Gary, pardon Émile Ajar, La vie devant soi? Et l’on peut multiplier les exemples sans fin malheureusement. Comme il est dit dans le texte: c’est cette capacité et cette volonté à se glisser dans la peau d’un autre, qui est la source de l’empathie, de l’amour, et de toute création. Quelle pauvreté que ne de parler et de ne chercher à ressembler qu’à soi-même. C’est un signe de peur, peur de l’autre, de l’altérité, comme si le fait qu’il s’approprie mon histoire, ma culture allait la détruire. Je ne crois pas, la culture est bien plus forte que cela, elle reste indestructible à qui veut la connaître, historiquement, sensiblement, par coeur…

Dans quelle mesure l’humour aide-t-il à transmettre des problématiques sociales sérieuses? Y a-t-il un risque de mauvaise interprétation?

L’humour est la clé de voûte de la construction humaine, « une affirmation de supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive » nous dit Romain Gary. Sans humour pas d’amour. J’ai découvert sur ce spectacle que les juifs étaient les plus grands spécialistes des blagues antisémites. On est jamais mieux servis que par soi-même. Le rire est une force, une arme, qui permet de s’en sortir quand l’impasse se profile. Je rigole à cette blague d’un juif transpercé par une épée lors d’un pogrom à qui l’on demande si cela le fait souffrir et qui répond « seulement lorsque je rigole »…

Il est légitime de se questionner sur la couleur du rire, noir, jaune, blanc, et sur sa direction, rit-on de moi ou avec moi? Mais on ne peut pas l’empêcher de parler de lui-même. Chez Delphine Horvilleur l’humour est omniprésent et je me souviens de rire seul, à la lecture du texte ce qui est plutôt rare, car le rire naît aussi du collectif. Comme les émotions en général. D’où la force et l’importance du spectacle vivant. Ce n’est jamais la même chose de rigoler seul devant un spectacle à l’écran, que d’être dans une salle de spectacle. Dans la salle quelque chose vous emporte, ou vous questionne: la réaction des autres. C’est le même principe pour toutes les émotions, le rire est une émotion, une émotion sœur jumelle de la tristesse. C’est pour cela que l’on passe du rire aux larmes et inversement. L’humour provoque une joie de l’esprit ou une joie sauvage, mais une joie avant tout, et c’est tout un art…

Comment le public réagit-il à ces sujets sensibles au Luxembourg? Remarquez-vous des différences entre les différents groupes de spectateurs?

Oui, évidemment il y a des différences entre les différents groupes de spectateurs, et nous le constatons chaque soir de toutes les représentations, de toute notre vie, mais c’est une chose sur laquelle, nous artistes n’avons aucune prise. Nous constatons des différences énormes d’un soir à l’autre de la manière dont semble être perçu notre spectacle. Et nous ne pouvons que le constater et certainement pas le juger, et encore moins en tirer des conclusions. Nous mêmes sommes si différents, malgré une apparence de continuité, d’un soir à l’autre. 

« Le public idéal », pour Valère Novarina, est un public extrêmement varié dans lequel vous retrouvez tous les corps de métier d’une société, de votre boulanger à votre avocat, de votre patron à vos enfants, du politique à l’artiste…Tous les âges, toutes les professions. C’est alors que la magie opère véritablement. À l’inverse, c’est très particulier de jouer pour un public composé uniquement de scolaires, d’artistes, de sportifs, il manque cette diversité de point de vue, d’opinion, qui fait opérer la magie d’une rencontre dans l’air, par delà toutes nos différences.

Dans l’ensemble les gens réagissent avec une grande intelligence et une grande sensibilité à tous les sujets sensibles développés dans notre pièce. Beaucoup sortent en nous disant que cela fait beaucoup de bien, à notre époque, d’ y entendre tout ce qui est dit, que cela fait réfléchir, pose des questions beaucoup plus que cela n’apporte de réponses, qu’ils ont même le désir d’y retourner pour continuer à approfondir cette pensée développée dans la pièce. Ce spectacle est une petite victoire de l’intelligence, l’intelligence de l’âme et du cœur,  sur le règne de la bêtise, un éloge à la force de la fiction et de l’imaginaire face à la brutalité du réel.  Alors que je trouve que l’on s’accorde une importance souvent trop souvent démesurée dans la marche du monde, et cela, des deux côtés de la rampe, c’est aux artistes que revient la responsabilité et la nécessité d’en prendre conscience, afin de tenter de les éveiller…les consciences…

Quels sont vos objectifs principaux à travers cette pièce : sensibiliser, provoquer le dialogue, challenger les spectateurs, ou autre chose ?

Notre objectif principal, notre seule conquête, le but que nous poursuivons, chaque soir, inlassablement depuis toute notre vie est celui de parvenir à faire du théâtre avec toute la puissance magique renfermée dans ce mot. Convoquer la grâce du théâtre. Dans la répétition, la précision et le savoir faire, comme un artisan, jour après jour, année après année, avec humilité et un certain talent, tenter de faire du théâtre, que théâtre advienne. Je pense toujours au spectateur qui vient pour la première fois de sa vie au théâtre et avant toute chose je veux qu’il sorte du spectacle en se disant qu’il retournera au théâtre. Il y a tellement de cas de gens, qui y rencontrent l’ennui au mieux, l’indifférence souvent, et le dégoût au pire, et qui en concluent que le théâtre n’est pas pour eux. Je veux qu’il puisse sortir du spectacle avec le désir d’y retourner, et aussi, cerise sur la gâteau, le désir de découvrir, ou de se replonger dans l'œuvre de Romain Gary, cet immense auteur qui est la source de l’inspiration de la pièce. Le théâtre, comme toute œuvre d’art, est une infusion de pensées complexes et parfois contradictoires, qui font leurs fleurs longtemps après la représentation. On s’en souvient comme quelque chose qui grandit en nous sans trop savoir ce que c’est ni jusqu’où cela nous pousse. Mais d’y avoir été ce soir-là, de l’avoir vécu, laisse une trace indélébile d’instant présent pour l’éternité. C’est donc un peu tout cela notre objectif, sensibiliser au théâtre, donner envie de découvrir des auteurs, poser des questions, ne pas avoir de réponses, c’est important, car sinon à quoi bon poser la question, nous ne sommes pas des professeurs, et laisser cette impression de familiarité qui rapproche les coeurs et les âmes. Une des plus touchantes réflexions qui nous a été faite à la sortie du spectacle: « Je n’ai rien compris, mais j’ai aimé, car cela m’était familier…»

Selon vous, l’art et la culture contemporaine peuvent-ils réellement influencer les stéréotypes et les préjugés sociaux?

Oui évidemment, l’art et la culture contemporaine peuvent influencer tous ces stéréotypes  ou préjugés dont nous sommes victimes. À moins que ce ne soit l’inverse que l’art et la culture contemporaine ne soit que le résultat de l’influence de tous ces clichés et stéréotypes délivrés par nos sociétés contemporaines. Soit en miroir soit en opposition. Ne sommes-nous pas à l’âge d’or des influenceurs? Par contre, influencer ne veut pas dire changer. Chaplin met tout dans son film  « Le dictateur », mais il n’empêchera malheureusement  pas la Seconde Guerre mondiale et ses millions de morts. Par contre être artiste c’est être un peu sorcier je crois, c’est être en prise  avec son époque et sensible aux temps futurs. Lorsque Duras parle des années deux mille dans les années quatre vingt elle est visionnaire, et Delphine Horvilleur en pointant les dérives de crises identitaires dans lesquelles la société part pour s’enfermer, a pour moi un temps d’avance qu’il faut rattraper. Je ne sais donc pas s‘il elle va influencer le monde, mais je sais qu’elle a influencé mon être et cela me suffit à penser que je ne suis pas le seul, car comme dit Philippe Léotard dans sa chanson « cinéma », 

« Je ne me serais pas souhaité autre si j’avais été le seul, je ne suis même pas sûr qu’il y aurait eu un deuxième homme si j’avais été le premier »…

Pensez-vous que les monologues sociaux et les expérimentations théâtrales doivent être provocateurs pour être efficaces ?

La provocation dépend du contexte, et à l’instar de Romain Gary, je pense qu’il faut tout faire pour échapper au contexte. Dans les années 60-70, le théâtre, le cinéma, l’art en général ont poussé la provocation à un degré inconcevable pour notre société contemporaine. Tout ce que l’on ne doit pas faire a été fait à cette époque où Ferré chantait « Yes, i am un immense provocateur » et le Living Theater invitait les spectateurs à gober des acides et venir faire l’amour sur scène. Alors aujourd’hui où serait la provocation? Bien en deçà c’est sûr, notre époque est très sage, engoncée dans ses principes et ses stéréotypes, Ah, si! La religion est un sujet de provocation. Si Delphine Horvilleur n’était pas Rabbin, philosophe, et cette immense dame de lettres et d’esprits,  jamais ce texte ne pourrait être accepté, il serait attaqué de toutes parts, par tous les extrémistes de tous bords. Je crois avant tout à l’intelligence dans la provocation, le terme est noble, je ne vais pas monter un spectacle sans chercher à vous provoquer quelque chose, sinon à quoi bon monter un spectacle? Je veux qu’il suscite des réactions en vous, que j’espère positive, mais sur lesquelles je n’ai pas de contrôle. Même si cela n’est pas tout à fait vrai, avec l’expérience on peut anticiper les réactions qui vont être provoquées par un spectacle, c’est même un devoir de travailler à cette anticipation. Je ne comprendrai jamais les artistes surpris d’entendre des ronflements dans la salle s’ils demandent à leurs acteurs de ne pas bouger autre chose que leurs yeux sur un plateau et cela sans parole et pendant vingt minutes…

Ensuite être efficace ne veut pas dire grand chose, c’est comme lorsque l’on dit ça marche bien, ce sont des phrases hors de notre contrôle pour se rassurer et surtout constater que sans trop savoir pourquoi, sans posséder de recettes, mais pas sans savoir faire, le public répond présent, que la salle se remplit et que la rencontre opère.

Quel rôle jouent la religion et le patrimoine culturel dans le contexte des thèmes que vous abordez ?

Romain Gary toute sa vie me semble avoir voulu échapper à l’héritage de sa judéité et c’est comme si avec Émile Ajar il laissait certains aspects de son identité religieuse ressurgir.

Je me souviens avoir lu dans le travail préparatoire de la pièce une thèse dont le titre est « Romain Gary est-il un auteur juif? » Comme si le fait d’être juif était en soi, une qualité ou un défaut, en fonction de là où la vie vous place, qui serait la grille relecture de son œuvre. J’avais trouvé cela incroyable comme question principale. L’autre jour en sortant du spectacle une élue finit  par demander à Johanna Nizard, si « au bout du compte » elle est juive? Impensable, imaginez, demander à quelqu’un:  « mais alors, êtes-vous catholique, musulman, (ou pire), noir, homosexuel, etc?… »

Pour un spectacle qui traite de la question de l’identité, et de l’importance de ne pas se laisser définir ou enfermer par l’autre, nous étions bénis d’intelligence…Cela rejoint peut-être finalement la question l’appropriation culturelle, les gens ont besoin de savoir si à leurs yeux vous êtes légitimes ou pas, pour aborder un sujet en parler ou en débattre. Avec chacun sa grille de lecture personnelle et rarement tolérante dans ce cas.

Moi je m’en moque véritablement de tout cela et je ne suis pas le seul je peux vous le certifier. J’ai grandi à une époque, dans les années soixante-dix où tout était évident, clair et simple sur les questions d’ouverture à l’autre, de racisme et de tolérance. Aujourd’hui tout est troublé et la religion devient une des premières raison de la violence que subissent les croyants de quelques confessions qu’il soit à travers le monde. On parle d’antisémitisme, d’islamophobie, mais aussi les chrétiens, les bouddhistes subissent des persécutions du fait de leur croyance intime et personnelle. C’est comme si la religion était devenue source de guerre plutôt que source de paix. Alors quand un Rabbin écrit « Merde à la croyance ! » en partant du principe qu’au nom de Dieu aujourd’hui on fait tout et n’importe quoi, la guerre comme la cuisine, j’ai été très sensible à cette question posée,  « Dieu prendrait-il toute la place? »  Et cela m’a aussi renvoyé à cette phrase attribuée à Malraux « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Reste à savoir de quelle spiritualité il s’agit ou s'agira? Car s’il jamais « il n’était pas » nous ne serions pas là pour le voir, pour l’écrire, pour le lire et encore moins pour le vivre.

Y a-t-il des expériences personnelles ou des observations qui vous ont inspiré·e·s pour créer cette pièce?

Une multitude, on crée toujours à partir de tout ce que l’on est et de tout ce que l’on a traversé. Nous avons fait un véritable travail d’équipe pour commencer, en écoutant tous les créateurs du spectacle, qu’il viennent nous aider à réfléchir à la dramaturgie, créer les lumières, les costumes ou les décors…Et puis ensuite nous avons fait des choix conscients ou inconscients, nous avons beaucoup pensé à Desproges, Artaud, mais aussi Aroun, ou encore Cindy Sherman…Je crois que l’on est nourri en permanence de tout ce qui nous influence et nous a influencé, et que savoir le reconnaître c’est savoir le dépasser, et le restituer « à sa manière », comme le chante Dalida.

Du texte « Il n’y a pas de Ajar »,  je retiens avant tout cet immense hommage à l’œuvre de fiction. Vers la fin du texte, Delphine Horvilleur fait dire à son personnage, « on est parfois les enfants de nos parents biologiques, mais on est toujours ceux de nos bibliothèques ». Je me souviens dans le travail m’être longuement arrêté sur ces mots « parfois » et « toujours ». En effet, dans nos bibliothèques, nous avons des livres, des bandes dessinées, des ouvrages, des films, des chansons, des œuvres de fiction qui font de nous les êtres que nous sommes, dont nous nous revendiquons souvent bien plus que nos propres parents. Et cela, même si ces œuvres, nous ne les avons pas lues, vues ou entendues, leurs présences suffisent à transformer nos vies et nous guider sur le chemin personnel et inconnu de l’existence.

Signaler une erreur
Dernière mise à jour
24.10.25

Auteurs: Alex Mort