Eric Thill s'exprime sur le patrimoine culturel luxembourgeois

Eric Thill est le ministre luxembourgeois de la culture. Lors des interviews, il ne s'exprime pas seulement en tant que fonctionnaire, mais surtout en tant qu'amateur du patrimoine culturel de son pays. Son lieu de prédilection est le Musée de l'ardoise, situé au nord du Luxembourg, entouré de forêts et de pistes cyclables. Selon Thiel, il ne s'agit pas seulement d'un monument au passé industriel, mais d'un symbole important de la façon dont le travail acharné et l'effort collectif ont façonné la société. C'est pourquoi il a entamé la préparation d'un dossier de candidature auprès de l'UNESCO pour que ce site unique soit inscrit au patrimoine mondial de l'humanité.

S'agissant de la politique culturelle en général, M. Thill admet que, selon une étude de l'ILRES, un tiers des habitants ne se sentent pas suffisamment informés des événements culturels et qu'un quart d'entre eux ne s'y intéressent pas du tout. Son objectif est d'éliminer les obstacles. Non seulement les barrières géographiques (le manque d'infrastructures est particulièrement aigu dans le nord et l'est du pays), mais aussi les barrières sociales, linguistiques et psychologiques. Dans un Luxembourg multilingue et multiculturel, il trouve inacceptable que la plupart des programmes culturels se déroulent exclusivement en luxembourgeois.

Selon lui, la culture, ce n'est pas seulement des musées et une salle philharmonique dans la capitale, mais aussi des théâtres de village, des fanfares, des festivals folkloriques et des musées régionaux. L'État doit garantir l'accès à tout cela, sans se limiter à la "haute culture". En même temps, souligne Till, l'État ne doit pas s'immiscer dans la politique de programmation des institutions, même dans le cadre d'un plan national d'inclusion. Soutien - oui, directives - non. La liberté des lieux culturels doit rester inviolable.

Lorsque l'on parle d'inclusion, Thill précise qu'il ne s'agit pas seulement d'accessibilité architecturale. Les personnes handicapées doivent avoir l'impression de faire partie intégrante du public, et non d'être un groupe distinct "spécialement organisé". Cela nécessite une sensibilisation, une formation du personnel et un changement d'approche - mais, une fois encore, cela doit venir de l'intérieur des organisations culturelles, et non être imposé d'en haut.

La conversation a également porté sur la Charte de déontologie, qui est en vigueur depuis 2022. Le ministre souligne que si une personne travaillant dans la culture et financée par le budget de l'État enfreint la loi, notamment en matière de fraude, l'État est obligé de réagir. Les décisions spécifiques dépendront de la situation, mais la culture, selon lui, ne peut pas être hors de la zone de responsabilité.

Thill a également fait part de sa vision personnelle du secteur culturel. Depuis qu'il est ministre, il est impressionné par la richesse et la diversité de la vie culturelle luxembourgeoise - de l'archéologie à la photographie, de la tradition à la danse contemporaine. Il se réjouit particulièrement de l'enthousiasme de ceux qui "vivent la culture" au quotidien. Il insiste sur le fait que l'État doit non seulement préserver les emplois, mais aussi donner aux jeunes une perspective réaliste de vivre de leur travail créatif, malgré le coût élevé du logement dans le pays.

Eric Thill ne construit pas sa carrière sur des slogans. Son approche est équilibrée, sans populisme ostentatoire, mais avec un engagement clair en faveur de la liberté, de l'inclusion et du pluralisme culturel. Dans un pays où l'identité se forge au carrefour des langues et des traditions, il ne s'agit pas seulement d'une position politique, mais d'une manière de faire vivre le dialogue public.