L'art entre les mondes : qui a remporté le Luxembourg Art Prize 2025

Luxembourg Art Prize
Le Luxembourg Art Prize, l'un des concours internationaux les plus ambitieux du monde de l'art, a résumé les résultats de sa onzième saison. Les lauréats sont des artistes dont les pratiques brisent non seulement les frontières entre les genres et les matériaux, mais remettent également en question la compréhension même de l'art contemporain.
- 1ère place : Tithi Arekar, Inde / États-Unis (New Jersey) - 20 000 euros
- 2ème place : Bora Lee, Corée du Sud - 10 000 euros
- 3ème place : Tsutomu Sasaki (Tsutomu Sasaki / ササキツトム), Japon - 5 000 euros
Chaque lauréat a également reçu un article analytique personnalisé dans le magazine ArtCritic, qui fait autorité et est diffusé auprès de 15 millions de lecteurs. Il ne s'agit pas d'une simple reconnaissance, mais d'un lancement dans l'espace artistique mondial.
Titi Arekar : le tissu de la mémoire
À 23 ans, Titi Arekar est déjà diplômée de Parsons à New York, a gagné des prix internationaux et a créé un langage artistique unique. Elle tisse des installations géantes à partir de vieux saris, les transformant en portails textiles dans lesquels on peut littéralement entrer. L'œuvre centrale de l'artiste est Reviving Traditions. L'installation mesure plus de trois mètres de haut et enveloppe le spectateur comme une couverture réconfortante qui a absorbé des siècles de mémoire féminine.
Pour Arekar, le tissu n'est pas un matériau mais le support d'une archive vivante. Mais son travail n'est pas figé dans le passé : il s'inspire de la pratique rustique du ghogha, un patchwork de courtepointes dans lequel les femmes partagent leurs histoires et leurs soins. Arekar transforme cette pratique en une esthétique du soin, faisant tomber les barrières entre l'artisanat et le grand art.
Bora Lee : derrière le masque cosmétique
Les œuvres de l'artiste sud-coréenne Bora Lee sont littéralement peintes avec des produits cosmétiques : le rouge à lèvres, le fond de teint et l'ombre prennent la place de la peinture. Son projet Cosmetic Drawing explore la manière dont le maquillage est utilisé non pas pour embellir, mais pour cacher le vrai moi. Elle travaille à l'intersection de la psychanalyse jungienne et de la sociologie d'Irving Goffman, transformant les toiles en scènes de théâtre.
Les œuvres "Veiled Breath" et "Bound Breath" sont des images de formes enveloppées, la couleur rouge éclatant à travers les ombres et les cils noirs, comme un symbole du moi intérieur retenu par une personnalité sociale. Ces "enveloppes" sont une métaphore des pressions contemporaines : les cosmétiques deviennent le langage que l'artiste utilise pour parler de la douleur, de la défense, de l'amour et de la suppression.
Tsutomu Sasaki : transparence et paradoxe
Tsutomu Sasaki travaille à Sendai depuis plus de 30 ans, explorant l'espace impossible entre les opposés. Sa peinture est un jeu intense entre la transparence et l'opacité, entre l'être et la disparition. Il applique la tradition de la laque flamande, en utilisant la résine dammar, non pas pour créer des illusions mais pour souligner la matérialité, pour montrer que la peinture est à la fois une fenêtre et un mur.
Sasaki crée des "surfaces vivantes" avec des textures gélatineuses qui reflètent et absorbent la lumière. Il s'agit de peinture Ma (間), le concept japonais d'espace intermédiaire, le "vide actif" entre les formes. Ses peintures ne représentent pas des objets - elles créent un état intermédiaire, une transition, un moment de tension où la forme n'est pas encore définie. C'est une peinture qui ne réconforte pas, mais qui maintient dans un état de doute productif.
Le Luxembourg Art Prize n'est pas seulement un concours avec des prix - c'est une rampe de lancement qui reconnaît le courage, l'originalité et l'intégrité artistique. Chaque année, le jury sélectionne trois projets capables d'aborder des questions globales dans le langage de l'art, avec un ton personnel.
Selon le règlement du prix, les lauréats reçoivent des fonds sans conditions d'utilisation et, surtout, une reconnaissance appuyée par la critique internationale et l'autorité des musées.





