Fini de jouer le jeu : Les syndicats luxembourgeois se mettent en ordre de bataille

Clem Onojeghuo, Unsplash
Une nouvelle ère de lutte syndicale s'ouvre au Luxembourg, avec une rhétorique plus dure et une opposition ouverte au gouvernement de Luc Frieden. C'est ce qu'ont annoncé les syndicats OGBL et LCGB, accusant le gouvernement actuel de détruire délibérément l'un des piliers essentiels de la stabilité sociale du pays : le tripartisme, c'est-à-dire le système de dialogue entre l'État, les employeurs et les travailleurs.
Depuis des décennies, ce modèle, reconnu par les organisations internationales, a permis au Luxembourg de maintenir la paix sociale et d'éviter les conflits violents. Toutes les réformes importantes - de l'indexation du salaire minimum à la modification du système de retraite - sont passées par le Comité de coordination du tripartisme (CPTE).
Aujourd'hui, selon les syndicats, ce système est délibérément mis à mal. Ils pointent du doigt un certain nombre de mesures qui, selon eux, ne peuvent être accidentelles :
- Le ministre du travail Georges Mischo discrédite les syndicats du CPTE et refuse de négocier séparément avec eux sur des sujets clés.
- Le Premier ministre Frieden quitte les tables rondes sans avoir conclu d'accord et tous les membres du gouvernement font des remarques acerbes sur les syndicats dans les médias.
- Depuis plus d'un an, on assiste à des tentatives de contourner les syndicats et de signer des conventions collectives directement avec des délégations personnelles.
Les syndicats estiment que le gouvernement promeut une stratégie néolibérale de "business first" (les entreprises d'abord), ignorant les intérêts des travailleurs. Ils sont décrits comme des structures dépassées qui ne reflètent pas la "nouvelle" économie et qui perdent de leur influence.
L'OGBL et le LCGB sont particulièrement sévères à l'égard de l'orientation politique de Frieden, qui déclare publiquement son "amitié" pour Emmanuel Macron et s'inspire du parcours de l'homme politique allemand Friedrich Merz, connu pour sa position dure à l'égard des syndicats.
Les syndicats affirment qu'il est temps d'arrêter de "jouer selon les règles" et de passer à l'action.
Ils appellent à l'unité de tous les travailleurs, retraités et jeunes familles : "Le gouvernement ne nous entendra que si nous parlons haut et fort. Dans les rues. Ensemble".
L'accent est mis sur :
- une pression accrue au sein des entreprises ;
- mobiliser tous les groupes d'âge et tous les groupes sociaux ;
- le refus de participer à des événements où les syndicats ne sont que des "scènes" ;
- pour des manifestations de masse.
Face à la montée des inégalités et des tensions sociales, les syndicats insistent : sans un véritable dialogue qui tienne compte des intérêts des travailleurs, le Luxembourg risque de perdre son modèle unique de stabilité sociale.