Xavier Bettel : "Celui qui porte une cravate n'est pas encore un diplomate"

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Dans une interview accordée au journal Tageblatt, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel, en visite de travail au Proche-Orient, a évoqué la situation à Gaza, les négociations avec Israël et la Palestine, le rôle des États-Unis et la perspective d'une reconnaissance de l'État palestinien par le Luxembourg.
Selon M. Bettel, la trêve fragile à Gaza est une étape positive, mais des doutes subsistent quant à sa longévité. Il souligne qu'Israël risque de perturber la trêve en bloquant l'approvisionnement en eau et en électricité : "Si les hôpitaux manquent de carburant dans quelques jours, les gens commenceront à mourir". Le ministre a indiqué qu'il avait personnellement transmis ce message aux autorités israéliennes.
M. Bettel a noté que le rôle des États-Unis sous l'administration de Donald Trump est soudainement devenu plus ambivalent : Israël n'est plus aussi sûr de la position de Washington, surtout après que les États-Unis ont entamé un dialogue direct avec le Hamas. Il a parlé d'une "ère d'imprévisibilité" qui, selon lui, se poursuivra quel que soit le nom du prochain président.
Dans l'interview, le ministre a qualifié les otages d'"assurance-vie du Hamas", soulignant que les deux parties - Palestine et Israël - aimeraient se débarrasser du groupe. En réponse à la proposition de transformer Gaza en "Riviera", il a déclaré que, pour la première fois, il avait reçu des garanties que les Palestiniens ne seraient pas expulsés de force. Toutefois, les responsables israéliens affirment que la bande de Gaza doit être entièrement reconstruite à partir de zéro.
M. Bettel a admis que l'initiative de reconnaissance de la Palestine était au point mort en raison du manque d'intérêt de la part des autres pays, bien que le Luxembourg ait précédemment annoncé la possibilité de proposer sa propre voie diplomatique. Il a toutefois précisé qu'en l'absence de libération des otages et d'un plan concret pour la poursuite des négociations, le Luxembourg ne prendrait pas de mesures unilatérales.
Le ministre a également abordé l'idée d'une réforme des Nations unies, soulignant la nécessité d'une plus grande représentation africaine et d'une révision du droit de veto, suggérant qu'il pourrait être annulé par un vote à la majorité des 2/3 ou des 3/4.
M. Bettel a soutenu l'initiative arabe visant à gouverner Gaza et a estimé que l'UE devrait adopter une position similaire : "Nous avons besoin d'un partenaire en qui nous pouvons avoir confiance et qui a la confiance de la population locale.
Interrogé sur la Syrie, M. Bettel a exprimé son scepticisme à l'égard du nouveau chef d'al-Sharaa, le qualifiant d'"ancien terroriste", et a déclaré que le port d'une cravate ne faisait pas de quelqu'un un diplomate.