La réforme fiscale au Luxembourg entrera en vigueur à partir de 2028

Gilles Roth, source: Government.lu
Le ministre luxembourgeois des finances, Gilles Roth, a confirmé dans une interview au Luxemburger Wort que le projet de loi sur la réforme fiscale sera prêt d'ici la fin de l'année 2026 et que la réforme elle-même entrera en vigueur le 1er janvier 2028. Il s'agit de passer à une catégorie fiscale unique pour tous les individus, quel que soit leur statut matrimonial, dans le but d'avoir une fiscalité plus juste et plus moderne.
Selon le ministre, le système actuel, qui repose sur un modèle d'imposition séparée des revenus des époux et avantage les familles monoparentales, est dépassé et ne correspond plus aux réalités de la société. "Nous ne sommes plus dans les années 1960, quand une femme ne pouvait pas ouvrir un compte sans l'accord de son mari", a-t-il souligné. Aujourd'hui, le taux d'emploi du deuxième membre de la famille dépasse 67 % et les divorces et les unions non enregistrées sont en augmentation. Il faut donc passer à une approche personnalisée de la fiscalité.
La nouvelle loi prévoit une période transitoire pouvant aller jusqu'à 20 ans pour 15 % des ménages, principalement les couples dont l'un des partenaires gagne plus de 75 % des revenus. Ils pourront temporairement conserver les conditions fiscales antérieures. Le ministre a admis qu'au cours de la période de transition, des incitations seront introduites pour motiver les contribuables à passer volontairement au nouveau système.
La réforme comprend également de nouveaux mécanismes sociaux et fiscaux, tels que la possibilité pour un conjoint qui reste au foyer de continuer à verser des cotisations de retraite afin que ces années soient prises en compte dans le calcul de la pension. La possibilité d'une déduction fiscale pour ces cas est également envisagée.
En ce qui concerne les droits de succession, le ministre a reconnu le problème : si un couple n'est pas officiellement marié mais a vécu ensemble toute sa vie, les droits de succession peuvent atteindre 48 %. Il a toutefois confirmé qu'il n'était pas prévu d'introduire des droits de succession pour les descendants directs.
À propos de la dette publique, M. Roth a expliqué que l'émission d'obligations pour un montant de 2,5 milliards d'euros avait été planifiée à l'avance pour couvrir un éventuel déficit jusqu'à la fin de l'année 2025. Le niveau de la dette a atteint 27,2 % du PIB et s'approche de la barre des 30 %. Le ministre a toutefois précisé que ce chiffre n'était pas une "ligne rouge", contrairement à l'engagement de maintenir la meilleure note de crédit AAA.
Il a exclu les augmentations d'impôts et les réductions des dépenses sociales, malgré les défis budgétaires - augmentation des dépenses de défense et participation de l'État à l'augmentation des cotisations de retraite. Le ministère des finances compte plutôt sur l'augmentation des recettes provenant de la taxation du secteur financier, qui représente environ 25 % du PIB du pays.
M. Roth a également annoncé une nouvelle incitation fiscale : pour chaque mois travaillé au-delà de la période obligatoire de 40 ans ouvrant droit à pension, une déduction de 750 euros sera accordée à partir de l'âge de 57 ans. Ainsi, par exemple, un contribuable pourra réduire sa base imposable de 9 000 euros pour 12 mois de travail supplémentaires. Un projet de loi sur cette mesure sera soumis au Parlement dans un avenir proche. L'objectif est d'inciter les citoyens à travailler plus longtemps en rapprochant l'âge réel de la retraite (60 ans) de l'âge légal (65 ans).