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Le Luxembourg construit la science du futur : investissement, IA et rétention des talents

Dernière mise à jour
23.05.25
Stéphanie Obertin

Official gouvernment website

Dans une interview accordée à Paperjam, la ministre luxembourgeoise de la recherche et de l'enseignement supérieur, Stéphanie Obertin, a exposé les priorités de la stratégie scientifique du gouvernement, qui transforme de plus en plus le Grand-Duché en un centre de la connaissance et de la technologie.

Aujourd'hui, l'accent est mis sur le développement de l'intelligence artificielle, qui doit être non seulement efficace, mais aussi éthique, transparente et économe en ressources. L'un des principaux projets est 4LM, qui vise à introduire l'IA dans le domaine de la réglementation. Elle devrait faciliter les tâches administratives des citoyens (par exemple, en matière de déclaration d'impôts) et des entreprises (conformité au GDPR), et même simplifier les processus législatifs. Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'un parcours technologique d'envergure qui couvre trois domaines interdépendants à la fois : L'IA, le travail sur les données et les technologies quantiques. Ces domaines sont inscrits dans des stratégies gouvernementales élaborées en coopération entre quatre ministères et approuvées en mai 2025.

En outre, l'accent est mis sur l'éducation. L'Université du Luxembourg et l'institut de recherche LISER travaillent sur l'analyse de données massives (big data) pour prévoir les besoins du marché du travail. Des recherches sont également menées sur l'inclusion, l'égalité, la politique éducative et la technologie. Il y a aussi le LMDDC (Luxembourg Media and Digital Design Centre), établi en tant que centre d'apprentissage numérique, qui développe des plateformes innovantes et des solutions numériques pour l'ensemble du système éducatif.

Le Luxembourg développe également activement la recherche médicale. La LCTR-Fuerschungsklinik, qui a ouvert ses portes en 2022, est une initiative conjointe de plusieurs hôpitaux et instituts et sert aujourd'hui de passerelle entre le développement en laboratoire et la pratique clinique. On y crée des méthodes de diagnostic et de traitement personnalisées pour les maladies chroniques, notamment le cancer, les troubles neurodégénératifs et auto-immuns.

Lorsqu'on lui demande si le pays dispose de suffisamment de scientifiques pour réaliser toutes ces ambitions, Stéphanie Obertin répond : oui, mais il est possible d'aller plus loin. Environ 3 000 chercheurs travaillent aujourd'hui au Luxembourg, et 70 % des titulaires d'une maîtrise ou d'un doctorat restent dans le pays, ce qui est un bon chiffre par rapport aux normes mondiales. Le pays attire activement les spécialistes étrangers en maintenant des centres de recherche de haute qualité et en offrant des conditions compétitives. La Fondation nationale pour la recherche (FNR) gère les programmes Pearl et Attract : le premier invite des scientifiques expérimentés, le second de jeunes chercheurs désireux de constituer leur équipe. Le soutien peut atteindre jusqu'à 2 millions d'euros, et jusqu'à deux projets sont prévus pour être financés chaque année. En outre, le Luxembourg participe à l'initiative Euraxess, qui soutient la mobilité des scientifiques en Europe, et utilise la plateforme Research Luxembourg pour la promotion internationale.

L'enseignement supérieur joue également un rôle important pour attirer et retenir les talents. Depuis 2025, un centre de compétences a été intégré à l'université, élargissant ainsi les possibilités d'apprentissage continu. Cela permet non seulement d'adapter les spécialistes à l'évolution rapide du marché du travail, mais aussi d'attirer de nouveaux professionnels. L'université développe des programmes dans les domaines demandés par l'économie : services, ingénierie, soins de santé, informatique, y compris de nouveaux masters en cybersécurité, en calcul intensif et en science des données. Grâce à des conditions égales pour les étudiants européens et non européens, l'université attire de nombreux étrangers : 57 % des étudiants viennent de l'extérieur du Luxembourg, dont 20 % de l'extérieur de l'UE.

Répondant à une question sur la "fuite des cerveaux" des États-Unis due à l'instabilité politique, Stéphanie Obertin a souligné que le Luxembourg ne se livre pas à un débauchage actif, mais qu'il a constaté une augmentation du nombre de demandes émanant de chercheurs américains : Le Luxembourg ne pratique pas de braconnage actif, mais a constaté une augmentation du nombre de demandes émanant de chercheurs américains.

En outre, il est important non seulement de créer des connaissances, mais aussi de les transformer en valeur économique. À cette fin, un TTSG (Tech Transfer Strategy Group) a été mis en place, comprenant des représentants des ministères, des incubateurs et des organismes de recherche. Il a pour mission de supprimer les obstacles à la création de spin-offs et de start-ups basées sur des développements scientifiques, d'éliminer les incohérences dans le droit de la propriété intellectuelle et de mettre en place un système transparent et attractif pour l'industrie. L'accent n'est pas mis sur le nombre de brevets, mais sur la transformation des résultats en une entreprise opérationnelle qui crée des emplois.

En outre, la gestion des données reste une question clé. Le projet de loi n° 8395, présenté en juin 2024, établit une architecture centralisée pour gérer l'accès aux données sans centralisation physique. Ainsi, les données restent chez leurs propriétaires mais sont mises à disposition dans un environnement sécurisé. Cela crée de la flexibilité et rend le Luxembourg plus attractif que d'autres pays.

Deux réformes importantes sont prévues pour les mois à venir : la mise à jour de la loi sur le FNR, qui n'est plus seulement un bailleur de fonds mais participe aussi activement à la commercialisation de la science, et la réforme du système d'aide financière aux étudiants. Des bourses de diplôme sont introduites, des bourses de mobilité et des bonifications de taux d'intérêt sont augmentées.

Ainsi, l'écosystème scientifique luxembourgeois se développe à grande vitesse. L'IA, les technologies quantiques et la médecine ne sont pas des slogans, mais des outils de travail. Et derrière les stratégies ambitieuses se cachent des actions concrètes : attirer des scientifiques, des subventions internationales, des réformes législatives et créer des canaux pour faire de la science une entreprise.

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Dernière mise à jour
23.05.25

Les sources des photos utilisées: Site officiel du gouvernement

Auteurs: Alex Mort

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