La Norvège prévoit d'éliminer les voitures à essence dès 2025. Le Luxembourg en sera-t-il capable ?
La Norvège est entrée dans l'histoire en devenant le premier pays où les véhicules électriques (VE) sont plus nombreux que les voitures à essence. Sur les 2,8 millions de voitures particulières immatriculées, 754 303 sont entièrement électriques, contre 753 905 pour les voitures à essence. Ce résultat a été rendu possible par des politiques d'incitation qui égalisent les prix des VE et des voitures à moteur à combustion interne, et par une part record de 94 % des ventes de voitures électriques en août 2024. À titre de comparaison, dans l'Union européenne, la part des VE dans les nouvelles ventes n'était que de 14,4 %.
Jøvind Sulberg Thorsen, directeur de la Fédération routière norvégienne (OFV), a qualifié cette avancée d'historique : "Il y a dix ans à peine, un tel scénario semblait impossible". Cette réalisation a coïncidé avec l'objectif ambitieux de la Norvège de ne vendre que des voitures à zéro émission d'ici à 2025, avec une décennie d'avance sur les plans de l'Union européenne.
Néanmoins, le mouvement de décarbonisation place la Norvège devant un dilemme difficile. Malgré les progrès réalisés dans le domaine des transports propres, le pays reste un grand exportateur de pétrole et de gaz. Comme l'a souligné Askeir Thomasgaard, de l'Université norvégienne des sciences et technologies, le gaz naturel joue un rôle clé dans la sécurité énergétique de l'Europe, mais l'industrie a également besoin d'une transition vers des émissions nulles grâce aux technologies de captage et de stockage du carbone (CSC).
L'une de ces solutions est un développement récent, le projet Northern Lights à Eigarden, qui a la capacité de stocker 1,5 million de tonnes de CO2 par an au cours de la première phase. M. Thomasgaard insiste sur le fait qu'une approche intégrée de la politique climatique est la seule manière efficace de progresser. L'électrification occupe une place centrale, qu'il s'agisse d'un réseau national presque entièrement renouvelable ou de la réduction des émissions dans les transports et l'industrie. Le prochain défi consiste à convertir le transport lourd et le transport de marchandises aux VE, en obtenant le même succès qu'avec les voitures particulières.
La Norvège démontre au monde entier que l'avenir des transports est déjà là, mais elle nous rappelle en même temps la complexité de la voie vers la décarbonisation totale dans un environnement dépendant du pétrole. C'est un exemple à suivre et en même temps une raison de réfléchir aux défis mondiaux de la transition énergétique.
Le Luxembourg n'est pas encore en mesure de reproduire le succès de son camarade du nord. Bien que le Grand-Duché ait fait passer l'idée de passer aux énergies renouvelables et aux transports propres auprès des masses, il est encore loin d'avoir atteint ses objectifs ambitieux.
Les efforts réguliers et l'évolution constante vers une transition énergétique aident certainement le pays, mais pour l'instant, il ne dispose pas des mêmes ressources et capacités que la Norvège. Cela dit, les voitures électriques restent très populaires : rien qu'en 2023, les ventes de voitures électriques ont augmenté de 127 % par rapport à 2022. L'année 2024 devrait poursuivre cette tendance positive.