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Gilles Roth : "Le Luxembourg est en passe de devenir la référence numérique de l'Europe financière".

Dernière mise à jour
18.06.25
Gilles Roth, Minister for Finance

Gilles Roth, source: Government.lu

Dans une interview accordée à Paperjam.lu, le ministre luxembourgeois des finances, Gilles Roth, a exposé l'orientation stratégique du pays face à la transformation technologique et aux défis géopolitiques. Sa position est sans ambiguïté : il s'agit d'un moment d'opportunité, et le Luxembourg entend être non seulement un acteur, mais aussi un pionnier.

Parmi les changements déjà mis en œuvre, M. Roth souligne la modernisation du régime des expatriés : exonération de 50 % de l'impôt sur les revenus jusqu'à 400 000 euros par an. Ce mécanisme est particulièrement apprécié par les start-ups, pour lesquelles il permet d'attirer du personnel international. La suppression de la taxe d'abonnement pour les fonds ETF et la réduction de 1 % de l'impôt sur les sociétés ont également renforcé la compétitivité du pays.

Mais le plus important a sans doute été le cadre législatif pour la blockchain et les crypto-monnaies, y compris l'adaptation de la directive européenne MiCA. Cela a donné au Luxembourg une flexibilité réglementaire et une protection des investisseurs.

Le gouvernement travaille également à l'introduction d'un crédit d'impôt pour les business angels et à la création d'un régime attractif pour les stock-options - participation des salariés au capital des start-ups. Selon le ministre, cela permettra de garantir une imposition favorable des plus-values et d'accroître la motivation aux premiers stades des projets.

L'une des principales innovations a été la mise en place d'un régime de carried interest destiné à attirer les gestionnaires de fonds. Il s'agit d'une étape importante dans un environnement européen de plus en plus compétitif, surtout après les transformations survenues au Royaume-Uni et en Europe du Sud.

Parallèlement, Roth a annoncé le lancement de Peak Accelerator, une nouvelle plateforme financée par le ministère des finances pour soutenir les startups qui développent des solutions numériques pour l'industrie des fonds. L'objectif : la numérisation complète de l'écosystème des fonds. L'accélérateur réunira des startups, des gestionnaires d'actifs et des entreprises technologiques.

Un autre élément important est la conférence sur l'IA et la Fintech en 2026, au cours de laquelle la stratégie du gouvernement pour intégrer l'IA dans le secteur financier sera présentée. Les préparatifs sont déjà en cours, avec la mise en place par la Luxembourg House of Financial Technology d'un AI Experience Centre, qui travaillera en lien avec le programme AI Factory.

M. Roth a noté que le Luxembourg a été le premier pays de la zone euro à émettre un certificat de trésorerie numérique, ce qui a permis de réduire les délais de transaction et d'accroître la transparence et la fiabilité pour les investisseurs. À l'avenir, le Trésor prévoit d'émettre un budget numérique, consolidant ainsi son rôle de leader en matière d'administration publique numérique.

Dans le contexte de la réflexion de l'UE sur l'approfondissement de l'union des capitaux, le ministre souligne que la flexibilité, l'efficacité du régulateur CSSF et la réactivité du parlement luxembourgeois permettent au pays de rester précurseur dans l'adaptation de la législation européenne. Avec la France et l'Espagne, le Luxembourg travaille déjà sur des mécanismes permettant de canaliser l'épargne vers l'investissement, notamment dans les PME, qui seront soutenues par de nouveaux systèmes d'épargne retraite.

Le ministre a fait allusion à de futurs allègements fiscaux pour les régimes de retraite privés (le troisième pilier), mais a souligné qu'ils ne remplaceraient pas le régime public obligatoire, qui doit être actualisé pour assurer sa viabilité.

En réponse aux questions sur les tentatives de l'UE de centraliser la supervision financière, M. Roth a déclaré que le Luxembourg soutient l'harmonisation par la convergence des pratiques, mais s'oppose à la création d'un organe de supervision unique. Il a souligné que la CSSF fait un excellent travail de supervision, même pour des structures complexes. Mais la vraie menace pour la compétitivité est la bureaucratie de Bruxelles, et ici le Luxembourg sera la "voix de la raison".

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Dernière mise à jour
18.06.25

Les sources des photos utilisées: Gilles Roth, source : Government.lu

Auteurs: Alex Mort

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