L'économie luxembourgeoise freinée par un manque d'espace de développement

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Dans une interview accordée au Lëtzebuerger Journal, le ministre luxembourgeois de l'économie, Lex Delles, a confirmé la gravité de la stagnation économique du pays. La croissance prévue pour 2025 n'est que de 1 %, soit la moitié des attentes précédentes, et ne compense pas les effets des crises passées, qu'il s'agisse des pandémies, des chocs énergétiques, des conflits géopolitiques ou des fluctuations de la politique commerciale des États-Unis.
L'un des symptômes de la stagnation est la pénurie de terrains disponibles pour les entreprises. Sur les 456 hectares destinés à la création ou à l'extension de zones industrielles, seuls 106 sont en cours d'aménagement et 140 autres sont en phase de planification. Les 210 hectares restants, selon le ministre, "ne seront pas développés dans les 10 à 15 prochaines années" en raison de contraintes juridiques, environnementales ou sociales.
Les chiffres le confirment : selon la Chambre de commerce et d'industrie, 100 entreprises ont un besoin urgent de terrains pour s'agrandir, mais il ne restera que 15 hectares dans les zones économiques régionales à la fin de 2024. Le ministre qualifie la situation de "vraiment urgente" et souligne que des efforts sont faits pour lancer un cadastre des zones industrielles, optimiser l'utilisation des zones existantes et densifier le développement.
Un projet pilote dans le quartier Triangle vert d'Ellingen, par exemple, propose de supprimer les tampons verts traditionnels entre les bâtiments au profit d'espaces verts partagés et de permettre des hauteurs de bâtiments. Cela permet non seulement de résoudre le problème de la pénurie de terrains, mais aussi de créer des conditions propices à la création d'écosystèmes et d'espaces de loisirs.
En outre, le ministère révise la réglementation afin d'autoriser dans les zones industrielles des activités jusqu'alors réservées au secteur de l'artisanat. Il s'agit, par exemple, de jardins d'enfants, de centres de remise en forme, de cabinets comptables, de bureaux d'architectes ou de salons de beauté, qui peuvent occuper les étages supérieurs des bâtiments. La fonctionnalité et l'attractivité de ces zones s'en trouveront accrues.
Cependant, les entrepreneurs, dont beaucoup essaient en vain de se développer depuis 10 à 15 ans, se heurtent à des barrières bureaucratiques, à la lenteur des procédures et à l'augmentation des prix. Pour relever ces défis, le ministère a créé une nouvelle structure, la Direction générale des zones industrielles, avec des personnes de contact désignées pour accélérer la communication avec les municipalités et les investisseurs.
Le projet Handwierkerhaff - des "maisons d'artisans" où les entreprises peuvent louer des locaux sans acheter de terrain - est également en cours de développement, notamment dans la zone industrielle Wolser B, entre Dudelange et Bettembourg. Des négociations sont également en cours pour l'acquisition du site de Liberty Steel.
Quant aux terrains plus vacants des zones industrielles nationales, le ministre explique que nombre d'entre eux sont réservés à des industries stratégiques, comme le cluster médical HE:AL à Esch. Il serait inapproprié d'y installer de petits ateliers artisanaux tels que des entreprises de couverture.
Pour le ministre, la pénurie actuelle s'explique par la croissance rapide de l'économie, qui n'a pas suivi le développement des infrastructures. "Le plus important est maintenant d'agir rapidement pour savoir où se trouvent les sites disponibles et les utiliser de la manière la plus efficace possible", souligne M. Delles.