Le Luxembourg compte les écoliers : qui abandonne et pourquoi ?

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Selon un nouveau rapport du ministère luxembourgeois de l'Éducation, au cours de l'année scolaire 2023/2024, le nombre d'adolescents ayant finalement quitté l'école sans diplôme s'élevait à 1 884, soit 8,2 % de l'ensemble des étudiants âgés de 16 à 24 ans. Près d'un quart d'entre eux avaient déjà quitté le système éducatif. La situation est particulièrement préoccupante pour les élèves des filières professionnelles : plus de 40 % des élèves des classes préparatoires (CIP/COP) ne terminent pas leurs études.
Plus d'un tiers des cas se produisent en septembre, lorsque les apprentis ne reviennent pas après les vacances d'été. La deuxième vague la plus fréquente part en novembre - il s'agit souvent de ceux qui n'ont pas trouvé d'employeur pour un apprentissage. L'âge le plus élevé pour quitter l'enseignement est de 18 ans. Près de la moitié des cas sont enregistrés en 10e et 11e années - ce sont les années charnières du choix professionnel.
Les garçons constituent toujours la majorité (60,7 %), mais la proportion de filles parmi les élèves qui abandonnent l'école n'a cessé d'augmenter au cours des dernières années. Le principal groupe à risque est celui des élèves qui ont déjà un retard scolaire : près de 85 % de tous les décrocheurs ont au moins un an de retard par rapport à leur âge.
Malgré de nombreux stéréotypes sociaux, la raison la plus fréquente n'est pas la passivité ou l'indifférence, mais la décision active de changer de cap. Plus de 20 % ont déclaré avoir trouvé une autre orientation éducative ou professionnelle. Toutefois, le nombre de ceux qui quittent l'école parce qu'ils ne trouvent pas de stage est en augmentation - ils sont presque quatre fois plus nombreux en un an.
Parmi les raisons les plus problématiques figurent le manque de motivation (13,8 %), les problèmes de santé (8,1 %), les situations de conflit et les difficultés familiales. 6,2 % ont cité le motif de l'expulsion pour cause d'absentéisme.
Près d'un étudiant sur quatre qui abandonne ses études réintègre le système l'année suivante. Le taux de retour est particulièrement élevé chez les lycéens et ceux qui ont étudié dans les filières professionnelles DAP et CCP. Cependant, dans certaines filières - par exemple, parmi les étudiants des écoles préparatoires (ESC inférieur) - le taux de retour ne dépasse pas 7 %.
Il est intéressant de noter que près de la moitié des personnes interrogées ne pensent pas avoir rencontré de graves difficultés - leur décision de partir faisait partie d'un projet personnel plutôt que d'être la conséquence d'un échec. Toutefois, ces explications n'annulent pas l'anxiété sociale : si l'État ne parvient pas à mettre en place un réseau durable de réorientation et de soutien, les jeunes continueront à disparaître du champ de l'éducation formelle - et donc du radar de leur avenir professionnel.