Hôtel Grand-Chef : de la gloire passée à la déception

Etienne Girardet, Unsplash
Ouvert en 1851, le Grand-Chef était autrefois le joyau de la station balnéaire de Mondorf-les-Bains, attirant royauté, hommes politiques et grands artistes, de Maurice Ravel à Jean Monnet. Aujourd'hui, c'est une coquille vide : l'intérieur a été complètement détruit, seuls les murs de la façade ont été conservés. Il n'y a plus aucune trace de l'atmosphère du luxe raffiné du 19ème siècle.
Les autorités municipales, et en particulier le maire Steve Reckel, sont déçues : la municipalité a investi des ressources considérables dans la préparation d'un projet de régénération. Au lieu d'un nouveau quartier, c'est la ruine, la confusion juridique et les actionnaires escroqués.
Le projet de réaménagement comprenait 90 unités résidentielles, dont 17 appartements à l'intérieur du bâtiment historique. Il était également prévu de construire deux nouveaux bâtiments et un centre médical commun. L'agence de logement social a même investi dans l'un des bâtiments.
Cependant, après le décès soudain du directeur de Farei Services, le promoteur a fait faillite et les huissiers sont désormais chargés de mener à bien le projet. Les acheteurs, qui avaient finalisé les transactions il y a cinq ans, se retrouvent dans l'incertitude. Ils s'organisent en syndicat de copropriétaires et prévoient des rencontres avec la banque garante pour faire valoir leurs droits.
Malgré son statut de protection locale, le Grand-Chef risque de connaître le même sort qu'un autre monument architectural : le Palace Hôtel, où Hermann Goering a été détenu en 1945. Le Palace Hôtel a été démoli et remplacé par l'hôtel Mondorf Parc en béton.
La mairie a adressé une pétition au ministre de la Culture Eric Thill pour que le Grand-Chef soit reconnu comme monument national, mais aucune réponse n'a encore été apportée. L'avantage de l'hôtel - sa situation à l'entrée même du célèbre complexe thermal du Domaine - pourrait donner lieu à une synergie entre l'histoire, le tourisme et la santé.
Bien que la municipalité n'ait pas l'intention de prendre en charge l'achèvement de la construction, elle continue à se battre pour préserver le site. L'espoir réside dans la défense juridique et l'intérêt éventuel de l'État. La question de savoir si le Grand-Chef aura une seconde vie reste sans réponse. Mais, comme le reconnaissent les autorités, passer à côté d'un tel joyau, c'est perdre irrémédiablement une partie de l'histoire du Luxembourg.