Dans le passé, j'aurais été exécuté depuis longtemps" : discours de Xavier Bettel au Conseil de l'Europe
Le ministre des Affaires étrangères Xavier Bettel a pris officiellement aujourd'hui à Strasbourg la présidence du Conseil de l'Europe. Le Luxembourg occupera cette fonction pour les six prochains mois, succédant à la Lituanie et à son ministre des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis.
Xavier Bettel a commencé son discours d'ouverture par les traditionnels mots de gratitude à l'égard du président précédent. Il a également exprimé son soutien à Gabrielius Landsbergis dans sa décision d'abandonner sa carrière politique, a noté les succès du pays au cours du dernier semestre et a souhaité le revoir dans l'arène politique.
Abordant les défis auxquels le Conseil est confronté, Xavier Bettel a rappelé que l'UE et le Conseil de l'Europe en particulier ont été conçus comme un "projet de paix" et que les valeurs clés de la société européenne moderne sont l'égalité, la tolérance et l'inclusion. Il a étayé ses propos par un exemple tiré de sa propre biographie :
"Mon grand-père est polonais, ma grand-mère est russe. L'autre ligne est française et luxembourgeoise. Je suis moi-même homosexuel et marié à un Belge. Dans le passé, il y aurait eu cent raisons de m'exécuter, mais aujourd'hui je suis Luxembourgeois, j'ai été Premier ministre et maintenant ministre des affaires étrangères. Les choses vont bien.
L'une des principales missions de l'Europe, selon le nouveau président du Conseil de l'Europe, est de lutter contre l'oppression, de résister à l'incitation et à la normalisation de la haine. La propagation d'idéologies radicales telles que l'antisémitisme, l'islamophobie, la persécution des chrétiens et d'autres manifestations d'agression n'est pas ce qui aide les gens à s'unir pour résoudre les problèmes mondiaux communs.
Il s'agit là d'un autre argument clé du discours de Xavier Bettel. Il a souligné l'importance de la coopération non seulement au sein de l'UE, mais aussi avec les régions voisines pour résoudre des problèmes complexes. L'homme politique a donné l'exemple des conflits entre la Serbie et le Kosovo, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, Israël et la Palestine, la Russie et l'Ukraine.
Nous sommes arrivés à un point où nous devons nous demander : "Suis-je libre d'exprimer mon appartenance religieuse ? "Comment expliquer à un jeune Israélien que les Palestiniens sont le même peuple s'il voit des otages du Hamas ? Et comment expliquer que les Israéliens sont bons avec les Palestiniens s'ils viennent d'enterrer leurs parents ?".
Xavier Bettel attire l'attention du Conseil sur le fait que la principale force de l'Europe réside dans son unité, dans ses valeurs communes, et non dans l'histoire du développement de chaque pays. C'est cette adhésion à des idéaux communs qui permet à l'Union d'être une force politique et économique efficace. La diversité des cultures, chacune appréciée à l'égal des autres, ne peut être maintenue que par l'apprentissage, l'enrichissement et l'échange culturel.
Revenant à des questions plus terre à terre, le Président du Conseil de l'Europe a constaté l'émergence d'une régression démocratique dans certains pays, qui pourrait devenir une menace pour l'ensemble de l'Union européenne, qui apparaît aujourd'hui comme une organisation assez fragile. L'un des arguments à l'appui de ces propos a été les restrictions imposées aux médias dans certains pays.
Xavier Bettel rappelle que l'un des fondements de la société européenne moderne et du système politique de l'Union européenne est de ne pas avoir peur de la critique, d'être capable de l'accepter, d'en tirer profit et de s'améliorer.
"Les choses se sont accélérées et nous devons être en mesure d'investir dans la liberté de la presse et de laisser la presse faire son travail. Nous ne voulons pas que la presse se contente d'encenser les gouvernements sans les critiquer. Ce ne sont pas les valeurs que nous défendons. Nous devons être capables d'accepter les critiques et de laisser les gens faire leur travail.
A la fin de son discours, Xavier Bettel a une nouvelle fois remercié les personnes présentes et a exprimé son espoir d'une coopération longue et productive:  ;"Le Conseil de l'Europe n'est pas qu'un étrange vaisseau spatial.... C'est une organisation fondée sur des valeurs. N'oublions pas pourquoi nous sommes ici aujourd'hui".