L'OCDE appelle le Luxembourg au changement : réforme des retraites, ajustement fiscal et défi de la productivité

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Dans un contexte de crises internationales successives, l'influence d'organisations telles que l'OCDE peut sembler s'estomper. Au Luxembourg, pourtant, son expertise reste sollicitée : lundi, le Premier ministre Luc Frieden a ouvertement exprimé son soutien aux conclusions et recommandations présentées par le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann.
L'un des points les plus sensibles a été l'âge de la retraite. Au Luxembourg, il varie entre 60 et 61 ans, soit l'un des plus bas d'Europe. L'OCDE insiste sur la nécessité de relever l'âge minimum et l'âge normal de la retraite, ainsi que de réviser le calcul de l'ancienneté pour exclure les périodes d'études. M. Frieden a confirmé qu'aucune décision définitive n'avait encore été prise, soulignant la nécessité d'un large débat avec la société.
L'OCDE recommande de supprimer les généreuses subventions à l'énergie, d'augmenter l'impôt foncier et d'accroître la TVA. L'introduction d'une "surtaxe élevée" sur les terrains non bâtis afin d'encourager l'utilisation des terrains pour la construction de logements est particulièrement problématique.
Il est également proposé de réviser l'impôt sur le revenu : l'individualisation de l'impôt encouragerait les femmes à travailler à temps plein, ce qui augmenterait l'activité globale de la population.
L'organisation a appelé à une révision de la politique de tarification des carburants : Le "tourisme pétrolier" du Luxembourg devrait être réduit en rapprochant les prix de ceux des pays voisins. L'OCDE estime également que les infrastructures de transport existantes doivent être considérablement développées et que les incitations fiscales à l'achat de nouvelles voitures sont excessives.
La productivité au Luxembourg est élevée mais stagnante. L'OCDE critique la fragmentation et l'hétérogénéité des prestataires de formation professionnelle et appelle à une réforme majeure dans ce domaine. Le manque de transparence dans l'interaction entre l'État et les lobbyistes est également identifié comme un risque pour le développement économique.
Le ministre de l'économie Lex Delles a approuvé la priorité accordée à la transition écologique et au développement de l'intelligence artificielle, tout en soulignant la vulnérabilité de l'économie luxembourgeoise aux chocs mondiaux.
Bien que M. Frieden ait accepté le rapport avec enthousiasme, il a souligné que la mise en œuvre des recommandations nécessiterait une discussion au parlement, avec les partenaires sociaux et, surtout, avec les citoyens. De nombreuses idées reprennent les dispositions de l'accord de coalition, mais le premier ministre a été clair : il est impossible de transposer mécaniquement les recommandations dans la réalité sans les adapter aux conditions locales.
Le dernier mot du discours a été le commentaire de Kormann : "Il est plus facile de recommander que de mettre en œuvre. Cette vérité, en particulier dans le contexte de tâches ambitieuses, sonne comme un avertissement : les grands changements exigent non seulement une volonté politique, mais aussi un travail minutieux pour gagner la confiance du public.
La déclaration de juin sur l'état de la nation promet d'être une étape importante dans ce processus.