Fermeture de Liberty Steel à Dudelange : espoirs déçus et échec politique

Ant Rozetsky, Unsplash
Après plusieurs années d'incertitude, le sort de l'usine Liberty Steel de Dudelange est désormais scellé. Le géant industriel turc Tosyali Holding, longtemps considéré comme la dernière chance de salut, s'est officiellement retiré de l'achat de l'usine au début du mois de mai. Pour les 130-140 employés restants, c'est un coup dur qui les prive de leur dernier espoir.
L'usine, qui ne fonctionne plus depuis plusieurs années, est en faillite depuis novembre 2024. Les négociations avec Tosyali Holding ont duré plus de deux mois, pendant lesquels les employés ont gardé une timide foi dans le salut. Hubert Lacouture, ancien représentant syndical de l'OGBL ayant près de 30 ans d'expérience à l'usine, a décrit la situation comme extrêmement frustrante : "Nous n'avons plus de travail et plus d'avenir".
La décision de Tosyali a été motivée par les mesures de protection du marché européen qui restreignent les importations d'acier en provenance de pays tiers. L'investisseur turc avait prévu de s'approvisionner en matières premières en Turquie et en Algérie, mais les barrières tarifaires de l'UE ont rendu le projet non rentable. Les emplois étaient donc pris en otage par la politique commerciale de l'Union européenne, à laquelle le Luxembourg, selon les syndicats, n'était pas en mesure de faire face.
Robert Fornieri, du syndicat LCGB, a qualifié ce qui se passe d'"échec politique au niveau national et européen", notant que l'UE ne tient pas compte des cas exceptionnels comme Liberty Steel dans sa stratégie de commerce unique. Il a appelé les organes européens à revoir leur approche.
Les syndicats de l'OGBL et du LCGB reconnaissent que l'espoir d'un sauvetage rapide de l'usine s'est évanoui. Même si un nouveau repreneur potentiel apparaît, les négociations pourraient prendre des mois, et les travailleurs n'ont plus le temps d'attendre. Au lieu d'attendre, la priorité est désormais de trouver de nouveaux emplois. L'OGBL travaille déjà avec le ministère du travail et l'agence pour l'emploi ADEM afin d'organiser une foire à l'emploi pour les employés concernés.
Entre-temps, le sort de l'entreprise elle-même reste incertain. Le gestionnaire du tribunal a obtenu un délai de trois mois pour trouver un nouvel investisseur. Mais les chances de reprise de la production s'amenuisent de jour en jour, et l'usine elle-même devient le symbole de l'impuissance industrielle et politique d'un Luxembourg petit mais ambitieux.