Réforme de la santé : comment le Luxembourg numérise la médecine

Piron Guillaume, Unsplash
Le Luxembourg avance à grands pas vers la numérisation complète de son secteur des soins de santé. Depuis 2023, environ deux tiers des médecins du pays - soit environ 1 900 personnes - ont mis en place le système de paiement direct immédiat (PID), qui permet aux patients de ne payer que leur part de la facture médicale, le reste étant automatiquement pris en charge par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNS). Selon la CNS, environ 1 600 médecins utilisent activement le système chaque semaine.
Parmi les premières installations entièrement numériques figurent la Maison médicale pédiatrique et la Clinique des enfants. Les trois autres centres médicaux les rejoindront bientôt. La Policlinique CHL, établissement public, dispose déjà d'un PID et d'autres hôpitaux modernisent leurs systèmes. L'introduction du DPI dans le secteur de la psychothérapie est également à l'étude et devrait débuter en 2026.
Les avantages sont évidents : "Nous gagnons du temps et de l'argent", explique le Dr Sébastien Diederich, médecin généraliste et secrétaire général de l'Association des médecins et dentistes (AMMD). Les médecins n'envoient plus de rappels de paiement et les patients n'ont pas à payer la totalité du montant en une seule fois.
Cependant, tout ne va pas si bien. Les problèmes de facturation des anesthésistes ne sont toujours pas résolus, le service de médecine d'urgence du SAMU ne peut pas encore utiliser les PID. La correction d'erreurs, telles que la saisie d'un code erroné, demande encore beaucoup de travail.
Important à noter : le PID reste un système volontaire. Certains patients refusent délibérément les remboursements automatiques pour des raisons personnelles, ce que la CNS respecte. Environ 10 % des services médicaux sont encore incompatibles avec le système PID - ils nécessitent une vérification préalable avant d'être remboursés.
Mais la numérisation ne se limite pas aux PID. À partir du 1er janvier 2026, tous les médecins devront avoir la capacité technique d'établir des factures électroniques, même s'ils ne participent pas au DPI. Cela créera une alternative : les patients pourront payer la facture comme d'habitude, mais recevront un reçu numérique et pourront le télécharger directement sur l'application CNS pour un remboursement rapide.
Selon Christian Oberlé, responsable de la CNS, l'infrastructure est prête : les médecins ont six mois pour mettre à jour leurs systèmes informatiques. Toutefois, selon M. Diederich, tous n'auront pas le temps de le faire.
La prochaine étape des réformes est l'assurance maladie numérique, suivie par les prescriptions électroniques. D'ici la fin de l'année, il est prévu de lancer une nouvelle application CNS intégrée au portail public Guichet.lu. Tout cela rapproche le Luxembourg d'un modèle de soins de santé où les formulaires papier appartiennent au passé et où le processus médical devient plus rapide, plus transparent et plus accessible.