Le Luxembourg insiste sur le relèvement de la pension minimale

Tatiana P, Unsplash
Dans un contexte d'inégalités croissantes et d'augmentation du coût de la vie, la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) soulève une fois de plus une question qui a été ignorée au niveau exécutif au cours des dernières années : la pension minimale actuelle de 2 350 euros bruts par mois n'est pas suffisante pour permettre aux personnes âgées de mener une vie décente dans l'un des pays les plus chers d'Europe.
Dans une récente publication analytique publiée dans le cadre du débat national sur le système des pensions, la CSL demande au gouvernement de reconsidérer sa position. Sylvain Hoffmann, président de la Chambre, souligne qu'il ne s'agit pas de populisme, mais d'une question de justice sociale élémentaire.
Selon les derniers chiffres, la pauvreté des retraités au Luxembourg a plus que doublé au cours des dix dernières années. Une personne âgée sur dix vit aujourd'hui avec des revenus qui ne couvrent pas ses besoins de base, du loyer aux frais médicaux. CSL souligne que les femmes et les personnes qui ont travaillé dans plusieurs pays au cours de leur vie professionnelle et qui, de ce fait, n'ont pas été en mesure d'accumuler un panier de pension complet, sont particulièrement vulnérables. Les femmes représentent environ 80 % des bénéficiaires de la pension minimale.
Ce que l'on appelle le "fossé entre les hommes et les femmes en matière de retraite" reste un problème grave : les femmes sont plus susceptibles de travailler à temps partiel, d'interrompre leur carrière pour s'occuper de leurs enfants ou de leurs proches et, par conséquent, de partir à la retraite avec moins d'économies. Le relèvement de la pension minimale serait un pas direct vers la réduction de ce fossé.
La CSL souligne qu'une éventuelle augmentation de la pension minimale n'affecterait pas du tout le budget de l'État. Les calculs montrent qu'une augmentation de 10 % - à environ 2.585 euros par mois - coûterait 30 millions d'euros par an. Par rapport au budget total de la Caisse nationale des pensions (CNAP), qui s'élève à environ 6,5 milliards d'euros par an, ce montant semble presque symbolique - moins de 0,5 %.
Même certains représentants des employeurs, traditionnellement sceptiques quant à l'augmentation des dépenses sociales, ont exprimé un soutien prudent à cette initiative. Les organisations de jeunesse et les partis politiques - des libéraux aux sociaux-démocrates - ont souligné à plusieurs reprises la nécessité de s'attaquer au problème de la pauvreté des personnes âgées de manière systématique, plutôt que par des compensations ponctuelles.