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Opacité numérique : pourquoi le public ne voit plus les projets environnementaux sur le portail enquetes.public.lu

Dernière mise à jour
10.04.25
Ecology projects in Luxembourg

Hrant Khachatryan, Unsplash

En réponse à une interpellation parlementaire de David Wagner, le ministre luxembourgeois de l'Environnement, du Climat et de la Biodiversité a confirmé que le portail de consultation publique enquetes.public.lu n'affiche plus les dossiers complets des projets environnementaux. La raison en est qu'il n'y a pas d'obligation légale de publier l'intégralité de ces documents sur la plateforme électronique. La situation est particulièrement grave à la lumière des normes européennes sur l'accessibilité obligatoire de l'information environnementale.

Selon le ministre, la publication sur le portail national n'est pas obligatoire : les autorités peuvent utiliser d'autres moyens, tels que les sites web des communes ou des ministères. Dans la pratique, cela signifie un accès fragmenté et la nécessité de rechercher manuellement des documents sur différentes ressources, ce qui exclut pratiquement la participation du grand public.

Cette pratique est en contradiction avec l'esprit de la convention d'Aarhus, signée par le Luxembourg, qui exige un accès actif des citoyens à l'information environnementale. La Convention stipule que le public doit pouvoir non seulement être notifié, mais aussi participer pleinement à la discussion, ce qui est impossible sans accès au dossier.

Le ministre a reconnu le problème et a déclaré qu'une réforme de la loi sur la protection de la nature et des ressources est prévue pour 2025, qui devrait, entre autres, inclure la mise en ligne obligatoire des dossiers sur un portail centralisé. Cette réforme s'inscrit dans une stratégie plus large visant à améliorer la transparence administrative et à renforcer la confiance dans la politique environnementale.

Le ministre a également rappelé que, dans certains cas, l'accès aux données peut être restreint pour des raisons de confidentialité - par exemple, si les documents contiennent des informations liées à des secrets commerciaux ou à des questions de sécurité nationale. Toutefois, ces cas, a-t-il dit, sont l'exception.

En attendant la mise en œuvre de la réforme, la situation reste insatisfaisante : les citoyens, les écologistes et même les agents des collectivités locales rencontrent des difficultés lorsqu'ils tentent d'examiner des projets susceptibles d'affecter l'environnement. Ce retour du numérique est particulièrement sensible à l'heure où le public s'intéresse de plus en plus à la biodiversité, au développement des espaces verts et à la résilience climatique.

Si l'on en juge par le rythme actuel, il faudra attendre 2026 au plus tôt pour voir une véritable amélioration. D'ici là, l'accès à l'information environnementale restera partiellement bloqué derrière des murs bureaucratiques - et, d'une certaine manière, derrière le silence pesant du portail numérique.

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Dernière mise à jour
10.04.25

Les sources des photos utilisées: Hrant Khachatryan, Unsplash

Auteurs: Alex