Le Luxembourg a mis à jour sa carte des risques de blanchiment d'argent : ce que les entreprises doivent surveiller maintenant

Ben Iwara, Unsplash
En mai 2025, le Luxembourg a officiellement lancé son évaluation nationale des risques actualisée (ENR 2025) sur la lutte contre le blanchiment d'argent, un document clé qui identifie les menaces actuelles et futures pour le système financier du pays. L'élaboration de ce document a été menée par le ministère de la Justice et coordonnée par le Comité de prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Le processus a impliqué à la fois des agences gouvernementales et des représentants du secteur privé et des organisations à but non lucratif. Le document présente la situation à la fin de l'année 2023.
L'ENR 2025 est la troisième évaluation de ce type, après la version 2018 et la révision 2020. Elle se concentre exclusivement sur les risques de blanchiment de capitaux. Une évaluation distincte sur le financement du terrorisme sera présentée ultérieurement et couvrira la période 2021-2024.
L'objectif principal de l'ENR est d'aider les gouvernements, les régulateurs et les entreprises à appliquer une approche basée sur le risque, en allouant les ressources de manière plus précise et en mettant en place des mesures préventives lorsque les risques sont vraiment élevés. Le document sert également d'outil pratique pour les professionnels qui doivent se conformer aux exigences du BC/FT : les entreprises peuvent l'utiliser pour développer leurs propres évaluations internes des risques et ajuster leurs processus.
ENR 2025 propose une méthodologie d'analyse adaptable, contient environ deux douzaines de nouvelles études de cas et des encadrés thématiques sur des questions qui requièrent une attention particulière.
Principales conclusions d'ENR 2025
L'analyse a montré que la principale menace de blanchiment d'argent provient de l'étranger. Ceci est dû au rôle du Luxembourg en tant que centre financier international. Les menaces externes les plus importantes sont la fraude fiscale et financière, la falsification et la corruption.
En revanche, les risques internes (menaces intérieures) sont plus faibles et sont essentiellement liés à des infractions commises dans le pays : principalement le vol, le trafic de stupéfiants et la fraude.
La plus grande vulnérabilité est enregistrée dans plusieurs secteurs :
- Le secteur financier - banques, sociétés d'investissement, fournisseurs de monnaie électronique, assurance-vie, services de crypto-monnaie - est classé dans la catégorie des secteurs présentant un "niveau élevé de risque inhérent". Grâce aux mesures de contrôle et de surveillance, le risque résiduel a été ramené à "moyen".
- Secteur non financier - les avocats et les comptables sont également dans la zone de "risque élevé", à l'exception des auditeurs et des huissiers de justice. Les mesures prises réduisent le risque global à "moyen", et même à "faible" dans le cas des auditeurs.
- Structures juridiques et sociétés - les fiducies et fondations et les sociétés à but lucratif sont reconnues comme étant les plus vulnérables, surtout s'il y a un manque de transparence quant à la propriété effective.
Ces conclusions sont étayées par les résultats de l'évaluation du GAFI (Group Against Money Laundering International) publiée en septembre 2023. Le GAFI a reconnu que le Luxembourg dispose d'un "système robuste de lutte contre le blanchiment d'argent" et d'une "compréhension approfondie des risques".
Quelle est la prochaine étape ?
L'ENR 2025 est conçu non seulement pour refléter la situation actuelle, mais aussi pour devenir une plateforme de mise à jour continue des connaissances sur les risques. Cela est nécessaire compte tenu de la complexité croissante des systèmes financiers et de l'émergence de nouvelles menaces, y compris celles découlant de l'utilisation d'actifs numériques.
Pour le secteur privé, cela signifie : du temps pour revoir les procédures internes, la formation du personnel et les systèmes de contrôle. Le document servira de point de référence pour la préparation des inspections réglementaires et des audits de risques.
Dans un environnement de plus en plus réglementé, disposer d'une évaluation des risques actualisée n'est pas une formalité, mais une question de résilience stratégique pour l'entreprise. L'ENR 2025 établit désormais une nouvelle référence.