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Au Luxembourg, les enfants ne savent plus nager - à cause de la réforme et du manque de spécialistes

Dernière mise à jour
20.04.25
Child swimming, Luxembourg

Getty Images

Depuis la réforme du système éducatif en 2009, les écoles primaires luxembourgeoises ne sont plus obligées d'employer des maîtres-nageurs diplômés. La responsabilité de la sécurité et de la formation est désormais formellement partagée entre les enseignants titulaires et les éducateurs aquatiques, mais dans les faits, cela a entraîné une baisse de la qualité des cours et une démotivation des professionnels.

Jupp Grüneisen, président de l'Association des moniteurs de natation (ALIN), rappelle qu'en 2009, le ministère avait promis de réviser la loi, mais que rien n'a changé depuis. Les communes ont progressivement cessé d'embaucher des maîtres-nageurs agréés et, aujourd'hui, de nombreux enfants ne nagent qu'une demi-heure tous les quinze jours.

Le point de bascule se situe en sixième année : une grande partie des élèves ne possèdent pas les compétences de base en natation et "ne savent tout simplement pas comment rester dans l'eau", prévient M. Grüneisen.

Le problème ne réside pas seulement dans le volume des cours, mais aussi dans la formation des enseignants. Le programme universitaire des futurs enseignants ne comprend qu'un seul module de natation. Nombreux sont ceux qui ne se sentent pas à l'aise à la piscine, admet un instructeur. Charles Grethen, maître nageur à Schifflange, compare cette situation à celle d'un professeur d'allemand sans formation.

Paradoxalement, même les spécialistes certifiés ne peuvent officiellement travailler qu'avec des enfants "qui ne dorment pas" - jusqu'à la sixième année, après quoi ils perdent le droit d'enseigner. La formation de maître dure au moins trois ans, avec passage d'examens et obtention d'un diplôme. "Si l'on ne peut pas enseigner en pratique par la suite, la profession n'a pas de sens", déclare Grethen.

Dans un contexte de crise de l'enseignement public, les écoles de natation privées sont en plein essor. Les parents, inquiets du manque de compétences de leurs enfants, paient de plus en plus souvent des cours individuels pour compenser les lacunes. Mais ces cours sont coûteux et ne sont pas à la portée de tous.

Dans le même temps, les exigences pour les enseignants dans le système éducatif restent minimales : un certificat de sauveteur suffit. De plus, ces cours sont souvent dispensés par les maîtres nageurs eux-mêmes. "Il s'avère que nous ne sommes pas assez compétents pour enseigner aux enfants, mais assez pour former des enseignants ? C'est absurde", s'indigne Greten.

De plus en plus de maîtres quittent la profession et les jeunes n'ont plus personne auprès de qui apprendre. "Je prendrai ma retraite dans quatre ans et, franchement, je ne vois pas d'avenir", déclare M. Grüneisen. Il ajoute que si rien ne change, il n'y aura tout simplement plus personne dans le pays pour enseigner la natation.

Les deux professionnels demandent à l'Etat de réintégrer les maîtres-nageurs dans l'enseignement primaire. Selon eux, c'est le seul moyen de garantir la confiance et la sécurité des enfants dans l'eau. Sinon, le Luxembourg risque de devenir un pays où la natation redevient un luxe réservé à ceux qui peuvent se le payer.

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20.04.25

Les sources des photos utilisées: Getty Images

Auteurs: Alex