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La scène musicale luxembourgeoise : des chœurs monastiques aux rythmes électroniques

Sous ses façades primitives et son lustre financier, le Luxembourg possède une histoire musicale étonnamment riche, allant des chants solennels des moines cloîtrés aux festivals en plein air où la basse frappe plus fort que la réforme fiscale. La scène musicale luxembourgeoise ne crie pas, elle murmure avec élégance et détermination.

Dernière mise à jour
27.06.25

Un héritage musical bienveillant, allant du sérieux méditatif des chants monastiques au chaos sensible des festivals modernes, se cache sous la surface de ce pays petit mais obstiné. Il ne s'agit pas d'une histoire de spectacle, mais de résonance : profonde et stratifiée, elle attend d'être entendue par ceux qui savent l'écouter.

Les racines historiques : des monastères à l'hymne national

La relation du Luxembourg avec la musique est si ancienne qu'elle précède le concept même de pays. Au IIIe siècle, alors que le pays n'était encore qu'un murmure romain, une mosaïque à Wichten représentait déjà des muses se prélassant dans la pierre, comme si elles attendaient la naissance du pays. Au VIIIe siècle, l'abbaye d'Echternach est devenue un phare spirituel et musical, dont les chants résonnent dans les collines. Un siècle plus tard, l'Officium Sancti Willibrordi est devenu l'une des premières notations enregistrées dans la région - un monument fragile au son, capturé avant qu'il ne tombe dans l'oubli.

Au XIXe siècle, les mélodies deviennent politiques. Les hymnes patriotiques tels que "De Feierwon" de Michel Lentz ne sont pas seulement des chansons, ce sont des déclarations d'identité, chantées sur fond de frontières mouvantes.

Aujourd'hui encore, malgré sa petite taille, le Luxembourg bourdonne d'une diversité inattendue, écho persistant d'un secret bien gardé qui se répercute dans les vallées.

Musique classique

Des compositeurs comme Laurent Ménager, dont le nom est gravé dans le patrimoine culturel du pays, ont élevé les traditions chorales et orchestrales au rang de mythologie nationale. Aujourd'hui, l'Orchestre philharmonique du Luxembourg reprend ce flambeau, non pas avec du spectacle, mais avec précision et raffinement.

Jazz

Des artistes tels que Gust Walzing et Pascal Schumacher ne sont pas de simples musiciens de jazz ; ils ont imprégné le genre d'une saveur locale et l'ont présenté au monde avec une nouvelle tournure. Le résultat ? Un genre qui sonne à la fois transatlantique et indéniablement ancré dans la fraîcheur tranquille de l'Europe centrale.

Pop et rock

C'est là que les choses commencent à se gâter - glorieusement. Les groupes ne sont pas là pour plaire à tout le monde. Ils mélangent des histoires crues et des critiques sociales, en ajoutant juste ce qu'il faut de saveur luxembourgeoise !

Hip-hop 

Oubliez ce que vous savez des géographies du hip-hop : le Luxembourg a réécrit la carte en trois langues. Depuis les années 1990, la scène s'est développée non pas en dépit de la taille du pays, mais grâce à elle : elle est soudée, multilingue et extrêmement expressive. Le luxembourgeois, le français et l'anglais s'entrechoquent dans des vers qui sonnent à la fois comme une protestation, une lettre d'amour et un défi.

Discrètement niché entre la France, l'Allemagne et la Belgique, le Luxembourg est un subtil collecteur d'influences musicales. Il emprunte, traduit et réutilise, et ce faisant, invente quelque chose d'unique. Ici, le multilinguisme n'est pas un gadget, c'est un moyen. Les artistes luxembourgeois naviguent entre le français, l'allemand, l'anglais et le luxembourgeois non pas pour élargir leur champ d'action, mais parce que c'est ainsi qu'ils pensent et s'expriment : comment ils se sentent et comment ils sonnent.

Chaque langue a un rythme et une qualité émotionnelle différents, et les musiciens locaux les intègrent dans des chansons qui reflètent un sentiment d'identité qui transcende les frontières. Le résultat ? Une musique qui ne s'adresse pas seulement à un plus grand nombre de personnes, mais qui parle comme un plus grand nombre de personnes.

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Culture

La culture et les traditions luxembourgeoises

L'abbaye d'Echternach et son rôle

Fondée en 698 par saint Willibrord, un homme qui avait compris le pouvoir du silence et du son, l'abbaye d'Echternach est devenue le cœur spirituel et musical du Luxembourg médiéval. Son scriptorium ne se contentait pas de copier des manuscrits, il en créait. Des manuscrits comme le Sacramentaire et l'Antiphonaire d'Echternach (vers 1030) n'étaient pas de simples livres, mais des actes de dévotion, écrits à l'encre et rythmant le culte pour des générations. Dans leurs pages, on peut retracer non seulement les notes, mais aussi le développement progressif de la structure liturgique et de la notation - les éléments constitutifs de la musique sacrée occidentale.

Et si les siècles ont passé, le pouls de l'abbaye n'a jamais cessé de battre. Chaque année, le mardi suivant le dimanche de la Trinité, la ville résonne de la chorégraphie surréaliste et solennelle du Sprangprëssioun, une "procession sautante" imaginée par les saints et les païens. Aujourd'hui reconnue par l'UNESCO comme patrimoine immatériel, la procession attire les pèlerins, les touristes et les curieux, tous attirés par cet écho persistant du théâtre sacré et de l'extase communautaire.

"Ons Heemecht" : un hymne qui reflète l'âme d'une nation

En 1859, le poète Michel Lentz écrit Ons Heemecht ("Notre patrie"), un texte qui célèbre les rivières et les cieux plutôt que les fusils et le sang. Cinq ans plus tard, le compositeur Jean-Antoine Zinnen le met en musique et, le 5 juin 1864, il est joué pour la première fois à Ettelbruck, au confluent de l'Alzette et de la Sauer.

En 1895, il était devenu l'hymne officieux du pays, bien que le Luxembourg n'ait pris la peine de l'officialiser qu'en 1993. Il n'y a pas de batailles ni de tambours ensanglantés, mais un hymne au paysage, à la langue et à l'appartenance. Il s'agit moins d'un chant de conquête que de présence, et dans le paysage géopolitique actuel, c'est peut-être la déclaration la plus courageuse qui soit.

Traduction en anglais du texte de l'hymne

Musique classique au Luxembourg : philharmonie, conservatoire et festivals

La scène musicale classique luxembourgeoise est à la fois riche et diversifiée, alliant traditions historiques et tendances modernes. Le pays offre aux mélomanes une multitude d'occasions d'écouter de la musique de grande qualité, qu'il s'agisse d'orchestres prestigieux ou de festivals uniques.

Laurent Ménager, compositeur national du Luxembourg

Souvent qualifié de compositeur national luxembourgeois, Laurent Ménager (1835-1902) est plus qu'une figure de proue, il incarne un mouvement. Compositeur, organiste, chef de chœur, pédagogue, la liste des fonctions qu'il a exercées ressemble à celle d'un ministère de la culture à lui tout seul. Ses œuvres ont non seulement façonné le répertoire musical luxembourgeois, mais aussi son paysage éducatif, contribuant à établir une culture durable de la musique chorale et communautaire.

Né dans le quartier du Pfaffenthal au sein d'une famille de boulangers, la vie de Ménager ressemble à l'ouverture d'un mythe : l'enfant prodige apprend la flûte, le violon, le violoncelle et le piano, puis part étudier au conservatoire de Cologne auprès du célèbre Ferdinand Hiller. En 1856, il est de retour - non pas dans la gloire, mais dans le service. Il enseigne à l'Athénée, joue de l'orgue à l'église locale et crée de la musique non pas pour la postérité, mais pour les gens sur les bancs.

Ses principaux genres sont les suivants :

Musique chorale et vocale

En 1857, Ménager fonde Sang a Klang, un nom qui sonne comme une berceuse et un manifeste à la fois. Cette association est devenue une pierre angulaire de la tradition chorale luxembourgeoise, façonnant les voix et les harmonies des générations à venir. Ses œuvres, telles que De Schie Long (1894) et Unsere Heimath, Ihr Lieben Vögelein, ne sont pas seulement mélodiques ; elles sont empreintes d'un lyrisme retenu qui découle d'un amour profond de la langue et de son essence musicale.

Opérettes et musique de théâtre

Ses pièces de théâtre, telles que Den Här an d'Madame Tullepant (1893) et Den Här President, dégoulinent de satire et mettent en lumière les absurdités de la vie quotidienne dans le Luxembourg du 19^(ème) siècle. Il ne s'agissait pas de grands opéras, mais de miroirs sociaux avec des projecteurs et des rires.

Musique instrumentale

Même sans paroles, la voix de Ménager se fait entendre. Son Quatuor à cordes (1859) le prouve - une œuvre gracieuse, colorée et émotionnellement claire. Rien de pompeux, rien d'exagéré. Juste une musique qui sait où elle va et pourquoi.

Les funérailles de Menagerre, le 7 février 1902, ont été suivies par plus de 6 000 personnes, dont les représentants de 45 sociétés. Cela témoigne de son immense popularité et de son influence.

Orchestre Philharmonique du Luxembourg

Fondé en 1933 sous le nom d'Orchestre symphonique de la radio RTL, l'Orchestre philharmonique du Luxembourg (OPL) est passé du statut d'ensemble régional à celui d'orchestre rythmant l'Europe. Sous la direction d'Henri Pensis, l'orchestre était dirigé avec beaucoup de passion (et, pour être franc, souvent avec beaucoup d'intensité - avant et après la guerre).

En 1996, après la reprise par l'État des restes privatisés de RTL, l'orchestre renaît - et est rebaptisé. Depuis 2005, l'OPL est basé à la Philharmonie Luxembourg, un temple moderniste du son dans le quartier du Kirchberg. Conçu par Christian de Portzamparc, le bâtiment n'est pas seulement un lieu, c'est un instrument. L'OPL en joue avec la même révérence qu'il aborde Mahler ou Debussy.

Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Source: luxembourgaccueil.lu

De la précision inspirée de Gustavo Gimeno - son Mahler n°4 a été interprété comme en Technicolor - à la nomination de Martin Rajna en 2025, l'orchestre continue d'évoluer sans perdre son identité. Martin Rajna, dont la première apparition en novembre 2024 a été accueillie par des murmures dans la presse et des soupirs d'approbation dans le public, devrait officiellement prendre les rênes de l'orchestre pour la saison 2026/27.

Mais l'OPL ne reste pas inactif. Il part en tournée, laissant des morceaux de Luxembourg sur les scènes les plus prestigieuses du monde. Ses collaborations avec des solistes et des chefs d'orchestre de classe mondiale sont légendaires. Sa discographie Pentatone se lit comme une lettre d'amour au génie du 20^(e) siècle : Debussy, Stravinsky, Mahler, Ravel et Chostakovitch, pour n'en citer que quelques-uns, ont tous été enregistrés pour la postérité.

Jazz et danse au Luxembourg

Le jazz n'est pas arrivé au Luxembourg, il y a dérivé, se propageant à travers les bases militaires et les fréquences radio. Après la Première Guerre mondiale, ce sont les soldats américains qui ont apporté plus que des uniformes et de l'argot étranger, ils ont aussi apporté du rythme et de la soul. Soul. Des problèmes. Grâce à des stations telles que l'American Forces Network (AFN), la population luxembourgeoise a eu vent de ce nouveau son, brut, agité et résolument vivant.

En 1959, le jazz a trouvé sa place, non pas dans la capitale, mais à Wiltz, une ville qui a eu l'intelligence d'accueillir l'un des premiers lieux dédiés au jazz dans le pays, le Wiltz Jazz Club, qui a attiré des visiteurs de tous horizons. Il est devenu la scène de légendes. Lorsque Ella Fitzgerald et Duke Ellington se sont produits au festival de Wiltz en 1969, c'était plus qu'un simple concert, c'était l'histoire qui se déroulait par une nuit d'été, laissant derrière elle l'odeur des cuivres et du bourbon.

Aujourd'hui, la scène luxembourgeoise du jazz incarne toujours cette dualité : elle est à la fois cosmopolite et intime, expérimentale et respectueuse. Ce n'est pas seulement un genre. C'est une langue, et le pays la parle avec une aisance tranquille et élégante.

Jazz et danse au Luxembourg
Source : eluxemburgensia.lu

Sascha Ley et Pascal Schumacher sont tous deux enracinés dans la tradition tout en se désintéressant totalement de ses limites. La scène luxembourgeoise du jazz a ses icônes et ses perturbateurs.

Sascha Ley
Pour elle, la voix n'est pas seulement un instrument, c'est un organisme. Ley est une chanteuse née en Allemagne et basée au Luxembourg. Ses spectacles se confondent avec l'art de la performance, combinant des éléments de jazz, d'avant-garde et de folk avec quelque chose de plus sombre et de plus insaisissable. Les critiques la qualifient d'"extraordinaire". C'est peu dire. C'est une changeuse de son, une sculptrice d'ambiance et une présence imposante.
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Pascal Schumacher
Le vibraphone n'a pas la réputation d'être rebelle. Sauf si Pascal Schumacher en est l'instigateur. Compositeur, professeur et vagabond des genres, il ne se contente pas de franchir les lignes, il redessine la carte. En solo ou avec son quatuor, Schumacher passe de la retenue classique à la volatilité du jazz avec une grâce déconcertante. Ses prestations, de Tokyo à New York en passant par Paris, sont moins des concerts que des expériences cinématographiques filmées en temps réel. Il enseigne la percussion au Conservatoire de Luxembourg - une activité apparemment banale jusqu'à ce que l'on entende la musique jouée par ses élèves.
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Scène pop, rock et alternative : quand un petit pays joue fort

Le Luxembourg n'a pas seulement participé au concours Eurovision de la chanson, il l'a dominé. Il l'a fait discrètement et élégamment, avec juste ce qu'il faut de flair pour rendre les grands pays nerveux.

Avec cinq victoires - en 1961, 1965, 1972, 1973 et 1983 - ce petit Grand-Duché est l'une des nations les plus victorieuses de l'histoire de l'Eurovision. Et oui, certaines de ces victoires ont été remportées par des artistes étrangers se produisant sous le drapeau luxembourgeois : France Gall et Vicky Leandros - des voix empruntées, peut-être, mais des moments inoubliables. (Et n'est-ce pas très luxembourgeois, le soft power par la chanson ?)

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Eurovision
Le Luxembourg et l'Eurovision : la grande rupture et le grand retour

Outre les artistes de l'Eurovision, la scène musicale luxembourgeoise est connectée et rayonne grâce à d'autres artistes et festivals de rock, d'électronique et de hip-hop. En voici quelques-uns :

Placebo
Fondé à Londres en 1994, Placebo a des racines inattendues dans la banlieue adolescente du Luxembourg. Brian Molko et Stefan Olsdal ont tous deux fréquenté l'International American School of Luxembourg - ils ne parlaient peut-être pas beaucoup à l'époque, mais quelque chose a clairement fermenté. Le groupe qu'ils ont formé par la suite a secoué le monde du rock alternatif avec son utilisation de l'eye-liner, de la distorsion et de l'intensité émotionnelle.
Serge Tonnar & Legotrip
Serge Tonnar n'est pas seulement un musicien, c'est une institution locale. Avec Legotrip, il a donné au Luxembourg une bande-son qui capture véritablement l'essence du pays. C'est du rock teinté de dialecte, de la mélancolie des réverbères et de l'âme du pays, filtrée par le fuzz des amplificateurs.
Rock autour de Knuedler
Depuis 1991, ce festival en plein air transforme la place Guillaume II en une cathédrale sonore. Plus qu'un simple concert, Rock um Knuedler est un véritable rituel. On y trouve des artistes locaux, des noms internationaux et une foule qui sait écouter. C'est l'un des événements musicaux les plus appréciés du pays, sans prétention et avec une excellente bière.
Turnup Tun
Le hip-hop luxembourgeois a trouvé sa voix - et son nom est Turnup Tun. Depuis 2013, il produit, rappe et redéfinit ce que signifie rimer dans une langue parlée par seulement un demi-million de personnes. Avec des paroles en luxembourgeois et des rythmes qui se situent quelque part entre Paris et Atlanta, Tun représente une nouvelle génération - et il ne demande pas la permission.
Terrain en plein air
La musique électronique est à l'honneur chaque année à Lintgen, où le festival Open Air Field attire les foules depuis 2007. Avec ses DJ, ses lumières stroboscopiques et ses champs remplis de corps qui se déplacent comme de la fumée, Feldparty n'est pas seulement un festival, c'est un rêve fiévreux rythmé par le BPM.
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La scène musicale luxembourgeoise prouve que l'importance culturelle n'a rien à voir avec la taille. Des chants grégoriens au jazz expérimental, des ballades de l'Eurovision au hip-hop luxembourgeois, ce lieu ne produit pas seulement de la musique, mais aussi des voix, toutes distinctes et insistantes, qui ne s'embarrassent pas de frontières. Ce n'est pas seulement une scène. C'est un paysage sonore. Et il continue de se développer.

faq

Foire aux questions (FAQ)

Quels sont les festivals de musique qui valent la peine d'être visités au Luxembourg ?

Où puis-je aller écouter de la musique en direct au Luxembourg ?

Existe-t-il des possibilités de se produire ou un soutien pour les jeunes musiciens ?

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