Comment le Luxembourg s'attaque à la résistance croissante aux antibiotiques

Le rapport annuel sur la consommation d'antibiotiques, la résistance aux antibiotiques et les résidus dans les aliments et l'environnement dresse un tableau alarmant mais gérable. Le problème est mondial : selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), plus de 35 000 décès par an dans l'UE, en Norvège et en Islande sont liés à des infections résistantes aux traitements. L'Organisation mondiale de la santé considère la résistance aux antibiotiques comme l'une des plus grandes menaces du XXIe siècle.

Au Luxembourg, l'utilisation médicale d'antibiotiques était supérieure à la moyenne européenne en 2023 et a continué à augmenter depuis 2021. Bien que le niveau de résistance des agents pathogènes à la plupart des médicaments reste inférieur à la moyenne européenne, une augmentation a été enregistrée par rapport à 2022. Du côté positif, la diminution de la résistance aux fluoroquinolones chez les bactéries à Gram négatif suggère que les mesures ciblées pourraient avoir un effet.

Les spécialistes recommandent aux médecins d'utiliser plus fréquemment des antibiotiques à spectre étroit et de renforcer les mesures de prévention des infections, de la vaccination à l'hygiène des mains en passant par le port de masques dans certains environnements. Le rapport souligne que ces mesures restent la barrière la plus efficace contre la transmission d'infections résistantes.

Une dynamique très différente est observée en médecine vétérinaire. Le Luxembourg fait partie des pays de l'UE qui vendent le moins d'antibiotiques pour les animaux. La surveillance de la résistance chez les animaux d'élevage et la surveillance de la sécurité alimentaire montrent des résultats plus favorables que dans les pays voisins. Toutefois, le défi reste de réduire l'utilisation des antibiotiques dits "critiques" et d'établir des registres plus détaillés de leur utilisation.

Dans le secteur de l'alimentation et de l'environnement, la situation est satisfaisante : aucun résidu d'antibiotique non conforme n'a été détecté dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux en 2023. Des traces de médicaments ont été détectées dans les masses d'eau, mais il est difficile d'évaluer leur impact en raison de l'absence de normes de qualité environnementale et de recherches limitées.

Le rapport souligne l'importance de l'approche "Une seule santé", qui intègre la médecine humaine, vétérinaire et environnementale. Le séquençage génomique des souches de salmonelles a montré que la résistance peut être transmise à la fois entre les humains et des animaux aux humains, ce qui rend la surveillance transversale et intersectorielle.

Dans l'ensemble, le Luxembourg maintient sa position de pays avec un niveau de résistance aux antibiotiques "relativement favorable". Mais une nouvelle phase du Plan national Antibiotiques est nécessaire pour atteindre les objectifs de la nouvelle recommandation du Conseil de l'UE (juin 2023). Sa préparation est déjà en cours.