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Salaire minimum menacé : comment le Luxembourg peut contourner les règles européennes

Dernière mise à jour
13.06.25
Salaries in Luxembourg cause struggle

John Vid, Unsplash

Le ministre luxembourgeois du travail, Georges Mischo, s'est retrouvé au centre d'un conflit politique et social sur la manière dont le pays devrait mettre en œuvre la directive européenne sur le salaire minimum équitable de 2022. Cette directive a été rédigée par un Luxembourgeois, l'ancien commissaire européen Nicolas Schmit, qui ne cache pas sa perplexité : pourquoi son pays résiste-t-il à ses propres normes ?

L'UE propose deux critères : 60 % du salaire médian ou 50 % du salaire moyen. En termes de réalité luxembourgeoise, cela signifie :

  • 2 900 € (médiane)
  • 3 100 € (moyenne)

Le minimum actuel pour les travailleurs non qualifiés est de 2 700 euros nets par mois, l'un des plus élevés d'Europe. Mais dans un pays où le logement est cher et où les coûts augmentent, même ce montant est à la limite de la vulnérabilité sociale, en particulier pour les travailleurs du commerce et des services.

La proposition de M. Michaud consiste à exclure du calcul les salaires des fonctionnaires, les heures supplémentaires et le treizième salaire, au motif que cela "fausserait la donne". Cela permettrait au Luxembourg de prétendre que le pays est déjà en conformité avec la directive et d'éviter une mise en œuvre complète.

Les opposants considèrent qu'il s'agit d'une tentative de contourner l'essence même de la directive, qui n'est pas une question de conformité formelle, mais de protection réelle des travailleurs. Nicolas Schmit compare cette tactique à "changer le thermomètre parce que la température ne vous plaît pas".

L'OGBL et le LCGB craignent que les exemptions de calcul soient également transférées aux indexations nationales, ce qui réduira le taux de croissance des salaires minimums à l'avenir. Christophe Knebeler, porte-parole du LCGB, estime que si la manipulation des calculs est autorisée aujourd'hui, tous les ajustements futurs seront affectés la prochaine fois.

Le responsable du syndicat CGFP, Romain Wolff, affirme qu'il n'existe aucune base juridique pour exclure les salaires des fonctionnaires de la base de calcul. Il prévient que tenter d'opposer le secteur public au secteur privé est dangereux pour la paix sociale dans le pays. D'autant plus que les estimations nationales ont jusqu'à présent inclus les salaires des fonctionnaires.

Entre-temps, la directive de Nicolas Schmit elle-même est examinée par la Cour de justice des Communautés européennes : selon l'avis préliminaire de l'avocat général, le document pourrait ne pas être conforme à la législation de l'UE. Cependant, Nicolas Schmit considère cette conclusion comme "faible" et assure qu'il a consulté un certain nombre d'avocats qui ont réfuté de telles conclusions.

Une décision finale de la Cour est attendue à l'automne 2025. Si la directive est maintenue, le gouvernement luxembourgeois sera sous pression, non seulement de la part de Bruxelles, mais aussi au niveau national.

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Dernière mise à jour
13.06.25

Les sources des photos utilisées: John Vid, Unsplash

Auteurs: Alex Mort

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