Médias sociaux et démocratie : outil d'information ou usine de désinformation ?

Sumaid pal Singh Bakshi, Unsplash
"Les médias sociaux sont devenus un espace de discussion politique incontournable", explique Nathan, 18 ans, élève au Lycée Athénée, qui a participé aux 27e Rencontres européennes à Luxembourg. Les discussions ont porté sur l'impact des plateformes numériques sur la conscience politique des jeunes.
Selon Nathan dans une interview à L'Essentiel, malgré les risques, les médias sociaux permettent aux jeunes d'accéder à un contenu "simple, clair et rapide". Lui-même s'informe "à partir de la télévision, des réseaux sociaux et des événements politiques". Son camarade de classe Côme souligne : "Le problème n'est pas les plateformes elles-mêmes, mais l'usage qu'on en fait".
Les experts sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d'alarme. Le politologue Arnaud Mercier rappelle que les réseaux sociaux promettaient à l'origine la transparence, mais qu'ils ont généré une avalanche de "mauvais bruits" et un chaos d'informations. A l'heure où X (anciennement Twitter) est devenu un outil politique, les manipulations se multiplient. Le journaliste William Audureau ajoute : "Le temps du fact-checking est perdu face à la vitesse de propagation des fakes : les rumeurs deviennent virales avant même d'avoir pu être réfutées.
Les publications sorties de leur contexte ou qui "refont surface" des années plus tard sont particulièrement dangereuses. Mercier y voit le symptôme d'un changement profond : "L'idéalisation des débuts des réseaux sociaux a laissé place à des conflits sans fin, humains mais amplifiés par les algorithmes.
Dans une enquête, les étudiants ont choisi comme principale menace des médias sociaux la désinformation et les fausses nouvelles. Viennent ensuite la perte de la vie privée et l'addiction au contenu. Nathan rappelle que "chacun a la responsabilité collective de ne pas participer au flot de fausses informations et de théories du complot qui détruisent la démocratie".
Cependant, malgré leurs défauts, les plateformes numériques restent une fenêtre sur les processus sociaux et politiques pour les jeunes. La seule question est de savoir qui et comment cette fenêtre est utilisée, que ce soit à des fins de réflexion ou de manipulation.