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L'ère de la fiscalité créative : comment les entreprises minimisent les impôts dans l'UE - et pourquoi le Luxembourg est sous les feux de la rampe

Dernière mise à jour
13.03.25
Taxes in Luxembourg in 2025: changes, laws

Behnam Norouzi, Unsplash

Les impôts sont une nécessité pour certains, un mal pour d'autres, et un champ d'optimisation pour les grandes entreprises. Malgré les efforts des régulateurs, la planification fiscale reste un outil sophistiqué pour préserver les profits. Selon la réponse du ministre des finances Gilles Roth (CSV) à une enquête parlementaire, la pratique la plus courante en Europe reste le déplacement de bénéfices par le biais de montages transfrontaliers.

Les entreprises vendent des biens ou des services dans des pays où la charge fiscale est élevée, mais enregistrent leurs bénéfices dans des juridictions à faible fiscalité - souvent par le biais de transactions internes artificielles et de droits de licence gonflés entre les filiales. Cela réduit la base d'imposition dans un pays et l'augmente dans un autre où les impôts sont minimes.

Pour lutter contre ces pratiques, l'Union européenne a introduit la directive DAC6, qui oblige les entreprises et les conseillers fiscaux à déclarer les constructions fiscales transfrontalières si elles présentent des signes de planification agressive.

Au Luxembourg, 2 806 cas de ce type ont été signalés dans le cadre du CAD6 jusqu'à la fin de 2023. Dans le même temps, 9 521 signalements provenant d'autres pays de l'UE concernaient le Luxembourg. Un nombre particulièrement élevé de signaux provenait de Belgique, de France et d'Allemagne, ce qui indique un mouvement actif de bénéfices à travers la juridiction de la Grande-Duchesse.

Un système couramment utilisé est l'emprunt interne avec des intérêts gonflés, où une société emprunte auprès d'une filiale offshore. Le paiement d'intérêts réduit le revenu imposable dans un pays, tandis que l'autre pays reçoit ce revenu dans le cadre d'un régime fiscal plus souple.

Une autre pratique très répandue consiste à créer des sociétés "boîtes aux lettres" dans des pays où la fiscalité est faible et l'anonymat élevé. Des juridictions telles que le Luxembourg, Malte et Chypre figurent souvent dans ces schémas. Les véritables propriétaires de ces structures restent dans l'ombre, profitant des lacunes de la législation.

Bien que ces systèmes soient souvent formellement légaux, leur utilisation nuit à l'équité fiscale et accroît les inégalités sociales. L'introduction du DAC6 n'est qu'une étape dans la lutte pour la transparence. La question est de savoir si cela suffira à inverser la culture d'"optimisation" des entreprises.

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Dernière mise à jour
13.03.25

Les sources des photos utilisées: Behnam Norouzi, Unsplash

Auteurs: Alex