Fleurs, os et lumière : Michel Medinger revient à Vanitas

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Photographe, olympien, perfectionniste, Michel Medinger a laissé derrière lui non seulement d'impressionnantes archives d'images, mais aussi une philosophie artistique imprégnée des thèmes de la décadence et de la vanité. Sa dernière exposition, Vanitas, inaugurée à la Villa Vauban dans le cadre du Mois européen de la photographie, n'est pas seulement un point final, mais un dialogue entre la vie et la mort, entre l'ombre et la lumière, entre l'art classique et la photographie surréaliste.
Précédemment présentée au Festival d'Arles 2024, l'exposition est une sélection d'autoportraits et de natures mortes, genres sur lesquels Medinger a particulièrement travaillé. Ses appareils photographiques ne capturaient pas seulement des objets, mais aussi leur mort : fleurs sur le point de se faner, crânes, insectes morts - autant de rappels de la mortalité, en référence à l'expression latine memento mori.
Medinger a commencé par copier des tableaux de Rembrandt avec son père. Cette fascination l'a conduit à une obsession pour l'ombre et la lumière : dans chaque photographie, il y a une mise en scène précise de l'éclairage. La lumière ne se contente pas d'éclairer, elle souligne, elle coupe la composition entre les vivants et les morts.
Pendant plus de 40 ans, Medinger a travaillé dans sa propre chambre noire, contrôlant soigneusement chaque étape du processus. Pourtant, ses photographies laissaient souvent place à l'inattendu : une fissure dans un pétale, un pli irrégulier d'un tissu, un reflet qui fait revivre les morts.
Peu de gens savent qu'en 1964, Michel Medinger a représenté le Luxembourg aux Jeux olympiques de Tokyo en tant que coureur de demi-fond. Cette discipline sportive a marqué son approche de la photographie : concentration, endurance et souci absolu de la perfection. Chaque photo est comme une course parfaite jusqu'à la ligne d'arrivée.
La Villa Vauban, qui expose également des peintures des dix-huitième et dix-neuvième siècles, semble être la scène idéale pour le travail de Medinger. Ses photographies sont accrochées à côté de natures mortes, notamment celles de Ferdinand Heilbuth, créant ainsi une conversation visuelle entre la peinture et la photographie, entre la tradition et le défi.
Medinger n'a jamais cherché à plaire à tout le monde. Ses photographies peuvent effrayer, repousser ou ravir, mais elles ne laissent pas indifférent. Par son travail, il a rendu la mort esthétiquement tangible, lui a donné forme et lumière, et lui a permis d'entrer dans un dialogue sur l'art et la vie.