Travaillez-vous dans votre ville si, à seulement une heure de route, voire un peu moins, vous pouviez gagner 30, 40 ou même 50 % de plus ? Probablement pas. Vous choisirez sans doute de traverser la frontière, comme le font de nombreux Belges qui trouvent une opportunité attractive en travaillant au Luxembourg. En effet, travailler au Luxembourg pour un Belge vivant près de la frontière représente une option extrêmement intéressante.
La population belge au Luxembourg, qu'il s'agisse des résidents ou de ceux qui travaillent depuis la Belgique, connaît une croissance rapide et continue. Les Belges représentent actuellement la quatrième nationalité étrangère la plus présente au Luxembourg, après le Portugal, la France et l'Italie. De plus, ils forment la troisième nationalité la plus nombreuse parmi les travailleurs frontaliers au Luxembourg, se rapprochant de l'Allemagne, qui occupe la deuxième place après la France.
Un travailleur frontalier est une personne qui réside dans un pays, mais travaille dans un autre. Dans le contexte de Luxembourg et de ses pays voisins, cela fait souvent référence aux résidents de la France, de l'Allemagne ou de la Belgique, qui traversent quotidiennement la frontière pour aller travailler au Luxembourg.
Comme mentionné dans notre article précédent sur le travail frontalier au Luxembourg, le nombre de travailleurs frontaliers est immense. En 2023, la majorité provenait de France avec 123 645 travailleurs frontaliers, suivie par l'Allemagne avec 52 619, puis la Belgique avec 51.691 travailleurs frontaliers belges au Luxembourg. Il s’agit d’un phénomène croissant qui a doublé au cours des 20 dernières années.
Ce phénomène est particulièrement répandu en raison des différences salariales, fiscales et de conditions de travail entre le Luxembourg et ses voisins, faisant du travail au Luxembourg une option très avantageuse pour de nombreux Belges.
Si vous êtes résident belge et que vous vivez près de la frontière avec le Luxembourg, vous vous demandez probablement quelles démarches sont nécessaires pour travailler au Luxembourg en tant que Belge. La bonne nouvelle, c'est que pour les citoyens belges, aucune formalité particulière ni permis de travail n'est requis. Il suffit de trouver un emploi au Luxembourg et de faire le trajet quotidien vers votre lieu de travail.
En tant que citoyen de l'Union européenne, vous bénéficiez de la liberté de circulation, ce qui vous permet de chercher un emploi, de travailler et de vivre au Luxembourg sans restrictions légales spécifiques. Cela signifie que vous pouvez commencer à travailler immédiatement dès lors que vous avez un contrat avec un employeur luxembourgeois.
Les résidents de Belgique qui ne sont pas citoyens de l'UE mais qui détiennent un permis de résidence belge peuvent également travailler au Luxembourg, mais ils doivent obtenir un permis de travail luxembourgeois. Ce permis doit être demandé avant le début de leur activité professionnelle au Luxembourg, et il est souvent nécessaire de présenter une offre d'emploi concrète de la part d'un employeur luxembourgeois pour l'obtenir.
Même si les citoyens belges n'ont pas besoin de permis pour travailler au Luxembourg, certaines considérations importantes existent en matière de fiscalité et de sécurité sociale. Par exemple, le télétravail peut avoir des implications fiscales pour les résidents belges travaillant au Luxembourg.
Le Luxembourg a signé des accords bilatéraux de double imposition avec ses pays voisins, y compris la Belgique, afin d'éviter que les travailleurs frontaliers ne soient imposés dans les deux pays. Pour les résidents belges travaillant au Luxembourg, ces accords fixent un seuil de 34 jours par an pour le télétravail. Cela signifie que tant que vous ne dépassez pas ces 34 jours de télétravail, vous restez soumis à l'imposition au Luxembourg. Toutefois, si vous dépassez ce seuil, les jours supplémentaires travaillés depuis la Belgique devront être déclarés et imposés en Belgique.
Vous vivez en Belgique et travaillez désormais au Luxembourg, tout se passe à merveille, mais vous vous demandez sûrement : comment fonctionne la déclaration d’impôt pour un frontalier belge au Luxembourg ? Examinons cette question en abordant plusieurs aspects essentiels : où sont payés les impôts, comment éviter la double imposition, et quelles sont les démarches à suivre pour déclarer ses revenus au Luxembourg et en Belgique.
La première question à se poser est de savoir où les travailleurs frontaliers belges doivent déclarer et payer leurs impôts. En principe, les impôts sont payés dans le pays de résidence fiscale. Cependant, une règle importante en matière de fiscalité stipule que les revenus sont imposés dans le pays où l’activité a été exercée.
Pour un résident belge travaillant au Luxembourg, cela signifie que même s’ils résident en Belgique, ils paient des impôts au Luxembourg sur les revenus générés par leur emploi dans le Grand-Duché. En revanche, ils devront aussi déclarer ces revenus en Belgique, leur pays de résidence fiscale, mais sans être doublement imposés grâce aux accords bilatéraux entre les deux pays.
Les travailleurs frontaliers belges sont imposés au Luxembourg pour les revenus générés dans ce pays. Toutefois, ces revenus doivent également être déclarés en Belgique. Pour éviter la double imposition, la Belgique et le Luxembourg ont signé des conventions fiscales bilatérales. Ces accords permettent aux frontaliers de déclarer leurs revenus au Luxembourg tout en étant exemptés de l'impôt sur ces mêmes revenus en Belgique.
Cependant, bien que les revenus luxembourgeois ne soient pas imposables en Belgique, ils sont pris en compte pour calculer la tranche d’imposition applicable aux autres revenus éventuels du contribuable. Ainsi, si un frontalier a des revenus en Belgique, les revenus luxembourgeois augmenteront la base sur laquelle la Belgique calcule le taux d’imposition applicable.
Au Luxembourg, l’impôt est généralement retenu à la source, ce qui signifie que les salaires, pensions et autres rémunérations sont directement prélevés par l'employeur.
Les taux d’imposition au Luxembourg sont progressifs, comme pour les résidents luxembourgeois, ce qui signifie que plus le revenu est élevé, plus le pourcentage d’impôt à payer augmente.
Les résidents belges travaillant au Luxembourg doivent obligatoirement remplir une déclaration d’impôt en Belgique, même si leurs revenus luxembourgeois ne sont pas imposables dans ce pays. Pour cela, ils doivent se munir de leur certificat annuel de rémunération luxembourgeois.
Première rubrique : Sous le cadre « IV Traitements, salaires, allocations de chômage… » au point A « RÉMUNÉRATIONS ORDINAIRES », rubrique 250 (ou 1250/2250 pour les époux).
Deuxième rubrique : Sous le point « O. REVENUS D’ORIGINE ÉTRANGÈRE », point 2
Pour conclure cet article, abordons deux aspects incontournables pour un travailleur belge au Luxembourg : les moyens de transport utilisés pour se rendre au travail, et les questions liées aux services sociaux et aux soins de santé.
Le transport est sans aucun doute l'un des enjeux les plus importants pour les travailleurs belges au Luxembourg, car ils doivent parcourir quotidiennement de longues distances. Les modes de transport les plus courants pour les travailleurs frontaliers belges incluent la voiture, le train et les bus transfrontaliers. La voiture est souvent privilégiée pour sa flexibilité, mais le train reste une option populaire pour ceux qui vivent près de grandes gares, comme celle d’Arlon. De plus, certains optent pour le covoiturage afin de réduire les coûts et contribuer à alléger le trafic.
L’un des problèmes les plus fréquents est la congestion sur les routes, notamment sur l’autoroute A6, où les bouchons sont monnaie courante. En parallèle, les retards de train et le manque de places de stationnement au Luxembourg peuvent compliquer les déplacements. En outre, les coûts élevés du carburant et les péages pèsent sur le budget des travailleurs frontaliers.
La durée du trajet varie considérablement en fonction du lieu de résidence en Belgique et de l’emplacement de l’entreprise au Luxembourg. Selon l’heure de départ et la distance, les trajets peuvent durer entre 15 minutes et plus d'une heure.
Cependant, il n'y a pas que des difficultés à ce niveau, un point positif majeur est le soutien financier de l'État luxembourgeois. Pour alléger les coûts de déplacement, le Luxembourg accorde une déduction fiscale pour les trajets domicile-travail, retenue à la source. Cette déduction est calculée en fonction de la distance en kilomètres entre la commune de résidence et le lieu de travail. Pour les travailleurs frontaliers, on mesure la distance entre la capitale de la commune de résidence et la capitale du point d'entrée sur le territoire luxembourgeois, puis la distance jusqu’au lieu de travail.
Le montant maximum de cette déduction est de 2 574 euros par an, soit environ 214,50 euros par mois. Ce montant figure sur la fiche de paie sous la ligne FD (Frais de déplacement).
En tant que travailleur belge au Luxembourg, vous avez accès aux services sociaux et aux soins de santé dans les deux pays. Vous pouvez consulter un médecin aussi bien en Belgique qu’au Luxembourg et obtenir des remboursements de frais médicaux en fonction des règles et taux de remboursement de chaque pays. Toutefois, il est nécessaire d’être inscrit à la sécurité sociale des deux pays.
Choisir de devenir un travailleur belge au Luxembourg peut offrir une qualité de vie améliorée et des perspectives de carrière enrichissantes, à condition d'être bien informé sur les démarches administratives, les obligations fiscales, et les droits liés à la sécurité sociale.
Pour plus d'informations, nous vous recommandons de consulter le site de la CCSS pour les aspects liés à la sécurité sociale ou, pour la fiscalité, les pages de guighet.lu consacrées à ce sujet.
Source: luxembourg.public.lu, justarrived.lu, pwc.lu, luxtimes.lu, frontaliers-grandest.eu, taxfoundation.org, guidedesimpots.lu, securex.be, guichet.public.lu
Les sources des photos utilisées: guidedesimpots.lu