Le Luxembourg renforce sa législation sur le logement abordable : les familles et les municipalités sont prioritaires

Maria Ziegler, Unsplash
Le gouvernement luxembourgeois a présenté un nouveau projet de loi rationalisant l'application de la loi du 7 août 2023 sur le logement abordable. Le document a été rédigé en dialogue avec les acteurs locaux et est basé sur une analyse de l'expérience acquise jusqu'à présent. Le ministre du Logement et de l'Aménagement du territoire, Claude Meisch, souligne que le logement abordable n'est pas seulement une question d'infrastructure, mais un fondement de la solidarité sociale et de la dignité individuelle.
La loi adoptée en 2023 a marqué un tournant dans la politique du logement au Luxembourg, en introduisant trois innovations structurelles :
- Soutien aux promoteurs immobiliers sociaux,
- Institut du bailleur social avec des loyers abordables réglementés,
- Création d'un Registre national des logements abordables (RENLA).
Ces mesures sont devenues la base d'un modèle à long terme pour un parc de logements durables et abordables. Dès ses premiers jours en tant que ministre, Claude Meisch a concentré ses efforts sur la création d'un cadre durable pour le logement abordable. Il a lancé une série de consultations avec des représentants d'entités telles que la Fédération des promoteurs sociaux (FEDAS), l'Association des communes luxembourgeoises (Syvicol), le Fonds du logement, la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) et des ministères.
Parallèlement, le ministre a entamé des visites dans les communes du pays pour discuter sur place des obstacles et des potentiels cachés. L'objectif est de transformer les initiatives locales en projets concrets, en particulier là où les besoins en logements sont les plus importants.
Les statistiques officielles le montrent : 24 % des enfants du pays sont menacés de pauvreté et, parmi les familles monoparentales, près d'un sur deux. Pour ces ménages, un logement abordable n'est pas seulement une nécessité, mais une lutte pour la survie : appartements exigus, humidité, manque de lumière, factures exorbitantes. Le projet de loi propose d'introduire la "monoparentalité" comme nouveau critère dans le système d'attribution des logements. Cela permettra aux familles vulnérables d'être prioritaires dans l'obtention d'un appartement.
Pour encourager la création de logements abordables, le gouvernement renforce le système d'incitation. En plus des primes pour la durabilité climatique et l'innovation, une nouvelle subvention est introduite pour la rénovation des bâtiments existants. Il s'agit d'une étape vers la rationalisation de l'utilisation du parc immobilier ancien et la réduction de la charge environnementale.
La segmentation géographique constitue une innovation importante. Désormais, le niveau de soutien financier dépendra de la région : plus les prix des terrains sont élevés dans une municipalité donnée, plus la compensation sera importante. Cela permettra de redistribuer les efforts vers les zones les plus nécessiteuses.
Les communes deviennent des acteurs à part entière du système de logement abordable. Le projet de loi propose d'indemniser le capital qu'elles ont investi, et ce de manière rétroactive - à partir du 1er octobre 2023. Selon le ministère, cette mesure donnera un nouvel élan aux projets locaux.
Les bailleurs sociaux jouent un rôle central dans le maintien d'une population socialement et fonctionnellement mixte. Le projet de loi propose
- une subvention supplémentaire pour la gestion du logement des employés - dans le contexte d'une migration croissante de la main-d'œuvre ;
- le remboursement des frais de logement des étudiants si celui-ci n'est pas géré par l'Université du Luxembourg ;
- L'introduction d'un "contingent gratuit" pour les propriétaires possédant plus de 100 unités de logement abordable - ils auront plus de flexibilité dans l'attribution des appartements aux personnes dans le besoin.
En outre, à l'instar de l'initiative Jugendwunnen - un programme de logement pour les jeunes - de nouveaux concours pour des projets destinés aux personnes âgées (60+) et aux travailleurs sont prévus, ce qui garantira une approche plus ciblée des besoins de la population.
Une autre étape importante est la possibilité pour les bailleurs sociaux d'inclure dans leur parc des appartements construits par des investisseurs privés. Cela crée un modèle hybride qui peut couvrir le manque d'offre grâce à des partenariats avec le secteur privé.
Le Fonds du logement est officiellement reconnu comme une structure d'utilité publique. Ses capacités sont élargies, ses instruments sont adaptés aux réalités actuelles et sa mission est soulignée comme étant au cœur de la politique publique du logement.
Parallèlement, des modifications sont apportées à la loi sur l'aide personnelle au logement de 2023. L'objectif est de simplifier la procédure de demande et d'alléger la charge de travail des fonctionnaires concernés.
Pour la première fois, le projet de loi consacre juridiquement le statut du logement abordable en tant qu'élément d'utilité publique. Cela signifie que le logement abordable n'est pas considéré comme une mesure temporaire, mais comme une réponse structurelle à la pénurie et un instrument juridique pour la réalisation du droit constitutionnel au logement.
Comme l'a souligné Claude Meisch, ces changements permettront à plus de 100 communes de participer activement au processus. Avec des structures telles que le Fonds du logement et la SNHBM, cela crée un réseau unique d'acteurs impliqués dans la résolution de la crise du logement dans le pays.