Les entreprises évaluent la nouvelle réforme au Luxembourg

Mike Petrucci, Unsplash
Les lois adoptées jeudi sur l'extension des heures d'ouverture des magasins et l'assouplissement du travail dominical dans le commerce et l'artisanat ne risquent pas de bouleverser le quotidien des entrepreneurs. C'est l'avis de Tom Baumert, directeur de la Confédération luxembourgeoise, qui souligne qu'il s'agit plus d'une mise au point que d'une libéralisation au sens plein du terme.
C'est l'aspect dominical de la réforme qui l'intéresse le plus. Selon lui, la simplification des procédures administratives et l'abandon du système des permis individuels constituent la principale avancée. "Dans la pratique, presque tout le monde en recevait et cela n'avait plus de sens", note-t-il. Le nouvel ordre légitime essentiellement une réalité déjà établie, en débarrassant les entreprises des formalités.
M. Baumert est prudent quant à l'extension des heures de travail en semaine. Il ne considère pas qu'une heure de travail supplémentaire quatre fois par semaine soit un grand pas en avant. Il s'agit davantage d'un changement cosmétique que d'un signal de libéralisation du commerce. Sans surprise, de nombreux détaillants ont jusqu'à présent préféré ne pas prendre position. Les grands centres commerciaux tels que Belval Plaza ne se sentiront pas du tout différents : selon son directeur, Thierry Debourse, les heures d'ouverture y sont depuis longtemps aussi larges que possible les jours de semaine et les week-ends.
Les stations-service constituent une catégorie à part. Auparavant, elles bénéficiaient d'une exemption spéciale dans la législation, qui a été supprimée. Cela signifie que les propriétaires devront refaire leurs calculs économiques. Il est vrai que certains d'entre eux préféreront fermer dès 19 heures le samedi si des heures d'ouverture plus longues ne se justifient pas en termes de bénéfices. La réforme ne consiste donc pas tant à donner du pouvoir qu'à transférer la responsabilité des décisions à l'entreprise elle-même.
La loi entrera en vigueur six mois après sa publication. Le ministère de l'économie souligne que toute mesure prise en dehors de ces délais devra faire l'objet d'une convention collective entre les employeurs et les représentants des travailleurs. Selon M. Baumert, c'est là que réside le principal nœud de tension : la question du travail reste complexe et sensible.
Toutefois, il insiste sur le fait qu'il ne faut pas négliger l'effet potentiel sur l'emploi. L'allongement du temps de travail pourrait créer de nouveaux emplois et stimuler le commerce. Dans le même temps, M. Baumert reconnaît que l'institution de la réglementation des heures de travail n'est pas universelle : de nombreux pays ne disposent d'aucune loi en la matière, ce qui soulève des questions quant à leur réelle nécessité.





