Pourquoi les pays doivent-ils faire passer le bien-être avant la croissance économique ?

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Bien que la croissance économique ait longtemps été considérée comme un indicateur clé du progrès, une nouvelle étude réalisée par les économistes Francesco Sarracino et Kelsey J. O'Connor du centre de recherche STATEC remet en cause ce dogme. Dans un article publié dans Nature Human Behaviour, les auteurs affirment que : La croissance du PIB ne rend pas les gens plus heureux à long terme. En outre, l'accent mis sur la croissance peut détourner l'attention des véritables sources de bien-être.
Bien que la croissance économique soit souvent associée à une vie meilleure, les données suggèrent le contraire. Selon les auteurs, les gens se soucient beaucoup du pouvoir d'achat et de l'emploi, mais ces paramètres ne sont que partiellement influencés par la croissance économique. L'argent peut être source d'espoir, surtout en période d'instabilité, mais les comparaisons avec les autres, la répartition inégale des revenus et les coûts environnementaux érodent le sentiment général de satisfaction.
La comparaison avec les autres devient une source de frustration : la croissance, qui enrichit certains plus que d'autres, conduit à un sentiment d'injustice. Et son "côté obscur" est la détérioration de l'environnement, la diminution du niveau de confiance et l'augmentation de l'aliénation.
Les chercheurs suggèrent plutôt de mettre l'accent sur les politiques qui améliorent directement la vie quotidienne. Cette approche du "bien-être d'abord" n'est pas abstraite - elle est proche des gens et peut donc recueillir un large soutien du public. À titre d'exemple, ils citent les mesures visant à rendre les villes plus vertes : il a été démontré que de tels programmes ne se contentent pas d'embellir les rues, mais qu'ils réduisent également la criminalité, améliorent la santé mentale et renforcent les liens sociaux.
Ces initiatives deviennent une sorte de catalyseur de changement positif : l'amélioration du bien-être renforce la résilience de la société, tant sur le plan social qu'environnemental. Il s'agit d'un cercle vicieux, mais cette fois-ci vertueux.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment lancé la plate-forme d'échange de connaissances, une base de données des meilleures pratiques en matière de politiques axées sur le bien-être. Le ministère britannique des finances, par exemple, a déjà introduit des lignes directrices pour évaluer l'efficacité des programmes gouvernementaux, en tenant compte de l'impact sur le bien-être psychologique et la qualité de vie des citoyens.
Ainsi, la clé d'un véritable progrès ne réside pas dans les chiffres de la croissance, mais dans la création d'un environnement dans lequel les gens veulent vivre. C'est ce changement de priorités qui peut constituer la base d'un avenir plus durable, plus juste et plus heureux.