Une percée satellitaire depuis le Luxembourg : comment OQ Technology envisage de connecter le monde directement

NASA
Omar Qaise, fondateur et PDG d'OQ Technology, s'est fixé la tâche ambitieuse de combler le fossé numérique entre les villes et les zones reculées en connectant directement les téléphones mobiles aux satellites en orbite terrestre basse (LEO). Selon lui, 2,1 milliards de personnes dans le monde n'ont toujours pas accès à la téléphonie mobile et des centaines de millions de personnes subissent des perturbations lorsqu'elles se déplacent en dehors des villes. Ce projet pourrait constituer une véritable révolution dans le domaine des communications.
Dans le contexte d'une course mondiale au développement des communications directes téléphone-satellite dominée par les acteurs américains, OQ Technology est la seule entreprise européenne travaillant dans ce domaine et la première du Luxembourg à bénéficier du soutien de l'accélérateur de l'EIC.
Dans l'une des sélections les plus compétitives de l'histoire de l'accélérateur EIC, parmi les 71 entreprises sélectionnées en 2024, seules quatre représentaient l'industrie spatiale. Le soutien d'OQ Technology a été le "couronnement" de ses efforts, comme l'a dit Cayce lui-même. L'entreprise recevra 2,5 millions d'euros d'aide non remboursable et jusqu'à 15 millions d'euros d'investissement, ce qui lui permettra de lancer des projets pilotes commerciaux dans un avenir proche.
Développant depuis 2016 une connectivité 5G par satellite pour l'internet des objets (IoT), l'entreprise a eu le temps de se constituer un solide palmarès, avec notamment une mission Tiger-1 en 2019 et 12 brevets accordés en Europe et aux États-Unis.
Selon M. Kais, la communication par satellite n'est pas seulement une question de confort, mais aussi un moyen de sauver des vies : "Lors de catastrophes naturelles, les réseaux conventionnels s'effondrent. Les satellites restent le seul moyen de communication. Des études montrent qu'un accès fiable aux communications peut réduire le nombre de victimes de 50 %". Il a rappelé les conséquences tragiques de la perte de connectivité lors des incendies en Grèce en 2023 et des inondations en Espagne en 2024.
L'investissement dans l'infrastructure spatiale est coûteux, et sans un financement mixte (privé et public), il est difficile de réussir en Europe. M. Kais insiste sur ce point : "Nous avons besoin de capitaux souverains, comme le font les États-Unis et les principaux pays européens. Investir dans la R&D ne suffira pas à développer l'activité spatiale, nous avons besoin d'un financement à grande échelle.
L'entreprise doit une grande partie de son succès dans le programme Horizon Europe à l'agence nationale Luxinnovation, qui a assisté OQ Technology à toutes les étapes du processus de candidature, y compris lors de quatre sessions de formation avec le "jury" avant l'entretien à Bruxelles. Cela a permis à la startup de démontrer au mieux l'innovation, la faisabilité et l'impact du projet, trois critères clés pour l'évaluation de l'EIC.
Le financement n'est pas encore finalisé - OQ Technology est à la recherche d'un investisseur principal pour partager la part de l'investissement et est prêt à commencer le déploiement pilote des solutions dès que l'accord sera signé.
"Nous ne cherchons pas à faire de l'esbroufe, mais à obtenir des résultats", souligne M. Kais. Son entreprise est devenue un leader dans l'un des domaines les plus importants sur le plan stratégique et les plus difficiles sur le plan technologique, où le retard de l'Europe pourrait s'avérer coûteux. OQ Technology n'est donc pas une simple start-up luxembourgeoise, mais un élément clé de la future durabilité numérique et géopolitique de l'Europe.